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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


d’habitation dudit sieur Thomas Fortini, ladite testatrice étant au lit malade. »

Fortini étant à peu près du même âge que Louise, puisqu’il était né le 22 septembre 1513, ne pourrait-on pas supposer, en la voyant au lit dans sa maison, qu’elle était venue demander au séduisant florentin la consolation des maux passés et des injustices présentes ? J’ai cru trouver la réponse à cette supposition en examinant la conduite tenue à l’égard de Fortini par les Recteurs de l’Aumône générale de Lyon, le jour où ils devinrent les héritiers de Louise Labé. Elle avait institué pour ses légataires universels les deux fils de son frère François et, par substitution, les pauvres de l’Aumône générale. Jacques et Pierre Labé moururent peu de temps après leur tante ; et, le 4 décembre 1569, les Recteurs étaient déjà en pleine possession des biens dépendants de sa succession, moins le domaine de Parcieu grevé pendant vingt ans de l’usufruit de Fortini. Cependant cet usufruit pesait lourdement au cœur des administrateurs du bien des pauvres ; et, dès l’année suivante, on aperçoit des traces évidentes de tentatives faites par eux pour se mettre en jouissance d’une aussi importante propriété.

Ces tentatives furent enfin couronnées de succès le 21 novembre 1574, jour où le domaine fut vendu aux enchères par autorité de justice, à la requête de l’Aumône générale ; mais, dans le cours de cette lutte de cinq ans, le droit de Fortini à son legs ne fut jamais contesté ; il se trouve même nettement reconnu jusque dans l’acte de vente. En effet, la principale raison allé-