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RECHERCHES SUR LA VIE


à cause de qui on prononce encore le nom de la famille de sa femme, ce nom dont il se montre si fier.

De tous ceux qui venaient chez elle faire de la musique et goûter ses exquises confitures, un seul lui fut fidèle jusqu’à la fin. C’est « au lit, malade, » en la maison d’habitation de Thomas Fortini, que la Belle Cordière dicta son testament. C’est lui, qui de son vivant administrait sa fortune, c’est lui qu’elle fit son exécuteur testamentaire, et enfin c’est à lui qu’elle laissa l’usufruit pendant vingt ans de sa propriété de Parcieu, en le dispensant formellement de fournir caution et de « ne prêter ne rendre aucun compte des biens meubles » renfermés dans sa maison de campagne.

Fortini appartenait à cette colonie florentine si importante à Lyon, au xvie siècle, et il nous est facile de le reconnaître auprès de Louise, dès 1559, dans le gentilhomme florentin, « tout habillé de satin, » que l’auteur de la Chanson de la Belle Cordière place en dernier lieu dans sa maison. Riches, industrieux et amis des choses de l’esprit, « messieurs de la nation florentine » ne pouvaient manquer d’être rencontrés chez la belle Louise ; et il n’est pas surprenant qu’elle-même ait cherché, auprès de quelques membres de cette colonie à demi étrangère seulement, un peu de cette sympathie intelligente que lui marchandaient ses compatriotes. Nous n’attachons pas grande importance aux méchants petits vers du chansonnier de 1559 ; mais il faut relever cette dernière phrase du testament de la veuve d’Ennemond Perrin : « Fait et passé à Lyon en la maison