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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


suite des œuvres de Louise, aurait-elle froissé Olivier de Magny dans un moment où, d’autre part, sa susceptibilité d’auteur pouvait être éveillée par un succès que lui-même n’avait pas encore obtenu ? Le secrétaire de Jean d’Avanson, trompé par de très faciles triomphes sur de très faciles beautés de Rome, aurait-il, en revenant à Lyon, voulu parler dans la rue Confort le langage si libre dont il se sert dans ses Gayetés ; et Ennemond Perrin, arrivant au secours de sa femme, aurait-il mis à la porte l’auteur des Soupirs ? L’abbé Irailh a oublié de nous raconter cette « querelle, » mais nous savons sans lui que, si Olivier de Magny semble en vouloir un peu à Louise, il en veut plus terriblement à son mari. Dans les vers auxquels nous faisons allusion, et qu’il fit imprimer à son adresse, en 1559, sous le titre : À Sire Aymon, le poète représente ce pauvre sire comme un pavillon couvrant la marchandise dont il se vante d’être l’heureux contrebandier. Il résume ces deux pensées dans cette strophe, la dernière :

Et lors qu’avec ton tablier gras
Et ta quenouille entre les bras.
Au bruit de ton tour tu t’égaies,
Puisse-t-elle toujours de mes plaies
Que j’ay pour elle dans le cœur,
Apaiser la douce langueur…


Fit-il pas mieux que de se plaindre ? Du reste le cœur n’était pas pour beaucoup dans les inconstantes amours du poète, qui chante tour à tour ou même si-