au milieu de ces savants hommes et sans doute par
leur conseil, Louise Labé revit ses vers et se décida à
les faire imprimer. Le mari de Pernette du Guillet
avait donné au public ceux de sa « gentille et vertueuse
dame, » morte depuis quelques années. Ils avaient eu
un vrai succès puisque, en 1552, on en faisait une
nouvelle édition, et ce succès ne fut peut-être pas
étranger à la résolution de publier ses œuvres, prise
par Louise Labé, peu de temps après, car le privilège
accordé par le roi est daté du 13 mars 1554. Peut-être
aussi devenait-il nécessaire que la Belle Cordière
publiât une véritable édition de ses œuvres, qui
commençaient à circuler en manuscrit dans la ville et que
cette circulation était de nature à altérer d’une façon
compromettante, à cause de leur genre amoureux. C’est
ce que dit la requête de Louise visée dans le privilège
du Roi. Souvent, il est vrai, on arguait de copies subreptices
pour obtenir ces privilèges qui ne se refusaient
jamais ; mais ici la circonstance à laquelle je fais allusion
est si vraisemblable qu’elle peut être tenue pour
vraie. En tout cas, il dut y avoir quelque hésitation,
hésitation bien naturelle d’ailleurs, car notre poète est,
je crois, la seule Lyonnaise de son temps dont les vers
aient été imprimés du vivant de l’auteur. De toutes les
femmes poètes de Lyon, des Jeanne Gaillarde, Jacqueline
Stuard, Jeanne Creste, Claudine, Sybille et Jeanne
Scève, des Claudine Péronne et Jeanne Paye, des Sybille
Cadière et Clémence de Bourges, de toute la
pléiade des plumes dorées célébrées par Marot, il nous