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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


cette intéressante Clémence de Bourges, « la perle des demoiselles lyonnoises. »

Je ne succomberai pas à la tentation de rassembler dans ce cadre étroit tous ceux qui, au milieu du XVIe siècle, brillaient à Lyon dans le monde des lettres, pour me donner le plaisir de faire rayonner au milieu d’eux la spirituelle et gracieuse maîtresse du logis. Ce serait facile, ce pourrait être joli ; mais serait-ce bien vrai ? En recueillant, comme nous venons de le faire, les noms des poètes qui lui ont adressé des vers, ou qui sont cités par l’auteur des Louanges, c’est-à-dire en réunissant tous ceux que l’on peut affirmer avoir connu Louise Labé, et même en acceptant sans discussion les noms mis au bas de plusieurs pièces anonymes, qui trouvons-nous auprès d’elle ? Beaucoup d’écrivains de passage, peu de Lyonnais et une seule femme. En dehors des curieux qui se faisaient conduire chez la Belle Cordière, qui payaient leur bienvenue de quelques vers à sa louange, et qui plus tard utilisaient ces vers ailleurs, comme Baïf, Magny et Pontus de Tyard, le cercle des habitués de la maison ne me semble pas avoir été aussi étendu qu’on le dit généralement.

Au milieu de ces « sçavants hommes, » et en donnant une place toute particulière à Fumée, non pas parce qu’il a fait l’ode De Aloysiæ Labææ osculis, mais parce qu’elle-même a fait imprimer ces vers de lui :

Tant tes vers amoureux t’ont donné los et bruit
Qu’heureux me sens t’ayoir non le premier aimée,
Mais prisé ton savoir avant la renommée ;