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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


connaissance dans la boutique d’Antoine, « alloit à Saint-Clair, et là paillardoit avec un italien. » La femme d’Yvard, cousine de la Belle Cordière, était donc en même temps sa très proche voisine.

Enfin, le 25 du même mois de juillet, le Consistoire nomma des commissaires, qui, dès le lendemain, donnèrent lecture de leur rapport et de leurs conclusions. Ces conclusions étaient « que soit escript aux Srs de Lyon dudit affaire soit par lettres ou réquisitoire ou meilleur mode que faire se porra. » Dans leur réponse au sujet de la femme d’Yvard, les magistrats de Lyon, parlèrent-ils à leurs confrères genevois de sa cousine la Belle Cordière ? Cette réponse, que nous serions si curieux de connaître, ne nous est pas parvenue, et nous avons même des motifs pour croire qu’elle n’a jamais été faite. Le procès dont il s’agit s’ouvre en 1552, à une époque où tout ce qui vient de Genève est suspect, où les rapports sont extrêmement tendus entre cette ville et Lyon qui se tient sur la défensive et qui, dans quelques mois, brûlera cinq jeunes gens venus de la Suisse pour prêcher la Réforme. Messieurs de Lyon ne devaient pas être bien pressés de répondre aux membres du Consistoire, surtout si, à cause de la question de divorce, la réponse devait émaner de l’Officialité. D’ailleurs je rencontre, à la date du 15 décembre suivant, mention du décès de Jean Yvard, et je m’explique alors comment on ne trouve pas de solution judiciaire à cette affaire, que la mort du demandeur termina probablement avant la fin de la procédure.