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RECHERCHES SUR LA VIE


la fortune de son mari éloignait les préoccupations, les soucis et les peines !

Ici doit se placer un incident très curieux en ce qu’il nous explique comment Calvin a parlé de la Belle Cordière et surtout pourquoi il en a parlé dans les termes que l’on sait.

Le 14 juillet 1552, un certain Jean Varoz, dit Yvard ou Yvert, qui, l’année précédente, en compagnie d’un libraire du nom d’Étienne Robinet, s’était fait recevoir « habitant de Genève, » déposa une demande en séparation contre sa femme Antonia Rollette ou Rossette. Il se plaignait de sa femme, « qui, dit-il, est à Lyon, qui la volu empoisonner, et qui s’est adonnée à paillardise. »

Le Consistoire présidé par Calvin s’étant réservé la connaissance des questions d’état, c’est devant lui que l’affaire fut engagée : le 21 juillet, cinq témoins, cités à la requête du mari, vinrent déposer. L’un d’eux déclara que la femme d’Yvard « hantoit bien privément une nommée la Belle Cordière, » et un autre, le libraire Robinet, ajoutant un détail précieux à recueillir, dépose que la femme d’Yvard « se governe fort mal, et ordinairement fréquente sa cousine la Belle Cordière et tient fort mauvais train. » Disons entre parenthèses que, dans l’acte d’acquisition de la maison de la rue Confort déjà mentionné, on cite, parmi les propriétaires confinants : « les hoirs de feu Anthoine Rosset, barbier. » Cet Antoine Rosset, barbier, a tout l’air d’être le père d’Antonia Rossette, qui, d’après Robinet, « à l’instigation d’un barbier » dont elle avait sans doute fait la