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RECHERCHES SUR LA VIE


« la mignonne pucelle » dans le jardin de la maison de son mari, afin d’avoir l’occasion d’en faire la description, et il lui fait dire :

Si Vénus m’a rendu belle
Et toute semblable qu’elle
Avec sa divinité,
Que pourtant elle ne pense
Qu’en un seul endroit j’offense,
Ma chaste virginité.


À ce moment, un doux sommeil « dessus ses yeux se pose, » et sa mère Vénus en profite pour lui apparaître en songe et lui prophétiser la première partie de son existence, en ces termes, ou à peu près : Il est bon d’estimer Minerve et de se délasser avec Diane ; mais il ne faut pas mépriser ton frère Amour, qui est le plus puissant des dieux. À l’heure qu’il est, il s’apprête à te lancer une flèche dont il t’abattra par terre, et en cela il tirera vengeance du bon poète romain que tu as si cruellement dédaigné. Il est heureux que tu aies appris à monter à cheval et à faire des armes : cela te servira quand tu seras aux prises avec la grande cruauté d’Amour. Mais, après un temps d’épreuve, ton frère te rendra à ta liberté première ; et alors, laissant dague et épée, « ton habit tu reprendras » et « ton doux luth tu retendras. » Malheureusement, à cet endroit si intéressant, Vénus et sa prophétie passent à un autre ordre d’idées, et nous sommes obligés d’aller cher-