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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


Ne démontrait rien en elle
Que d’un chevalier vaillant.
Ores la forte guerrière
Tournoit son destrier en rond.
Ores en une carrière
Essayoit s’il eſtoit prompt :
Branlant en flots son panache,
Soit quand elle se jouoit
D’une pique ou d’une hache.
Chacun prince la louoit :
Puis ayant à la senestre
L’espée ceinte, à la destre
La dague enrichie d’or.
En s’en allant toute armée
Elle semblait par l’armée
Un Achille ou un Hector.


Ainsi s’exprime l’auteur des Louanges, et cette seule description de l’héroïne eût dû faire ouvrir les yeux aux rédacteurs de la notice de 1762 et les porter à ne pas placer dans les Pyrénées le « Perpignan » de ce poète, qui parle toujours en paraboles. Pour croire avec eux que Louise Labé suivit en Roussillon son père ou son frère « exerçant dans l’armée quelque emploi utile (?) ; » pour croire, avec les éditeurs de 1824, que le « patriotisme de Jeanne Hachette ou de Jeanne d’Arc » l’avait poussée aux combats ; pour croire, avec celui de 1875, que sa jeune et folle tête lui fit faire cette « équipée semi-guerrière, semi-amoureuse ; » pour croire enfin, avec tous les biographes modernes, qu’elle a réellement pris part au siège de Perpignan, déguisée en homme et sous le nom de Capitaine Loys, il fau-