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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


On connaît la passion des habitants des bonnes villes pour les parades militaires, passion particulièrement développée chez les citoyens bourgeois de Lyon. Louise nous parle de leurs joutes, de leurs tournois et de leurs « belles entreprises, » comme de choses très fréquentes ; et les récits des historiens, aussi bien que les comptes des Trésoriers de la ville, nous montrent qu’ils ne laissaient échapper aucune occasion de défiler en armes et de jouer magnifiquement aux soldats. La plus connue, sinon la plus brillante, de ces fêtes militaires, fut donnée, en 1548, lors de l’entrée de Henri II : il y eut bataille navale sur la Saône et simulacre de combats de gladiateurs, dont le roi fut si charmé qu’il ordonna une seconde représentation. On peut citer également les fêtes de 1553 — sans doute en l’honneur de la Reine Éléonore et des Enfants de France — pendant lesquelles, outre le « mistayre d’Eructame (?) on « conduisit sur la rivière de Saonne, le mystaire du Daulphin. » Enfin, dans plusieurs circonstances, des scènes guerrières, dont le motif était parfois emprunté à l’histoire des Romains, eurent lieu sur quelque champ de Mars préparé pour la circonstance. Il est permis de croire que les dames ont maintes fois pris part à ces sortes de représentations, car l’usage du cheval était commun parmi les femmes en ces temps de peu de voitures, et lorsqu’on était aussi jolie personne, aussi adroite écuyère, aussi habile archer que Louise Labé, on ne devait pas craindre de montrer en grande réunion les talents dont on savait faire preuve en petit comité.