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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


l’établir n’est pas sérieux, et parce qu’elle a contre elle une objection qui me paraît décisive.

D’abord, la date de 1555 est la date certaine de l’impression, mais elle n’est pas celle de la composition de ses vers, que dans la lettre à Clémence de Bourges Louise appelle des « jeunesses. » Il faut donc dire qu’elle avouait vingt-neuf ans quand elles les écrivit ; mais il faut convenir qu’il a pu et même qu’il a dû s’écouler un certain temps entre leur composition et leur impression. L’auteur de la lettre ajoute, il est vrai, qu’ils furent revus avant d’être livrés à l’imprimeur ; mais combien de lecteurs voudront croire que la revision porta sur ce point d’une manière absolument précise ? Quant aux lectrices, sachant comme on aime à rester en quarantaine devant ce cap de trente ans, elles trouveront bien éloquent dans ses réticences ce chiffre de vingt-neuf, le plus proche voisin de trente — longo sed proximus intervallo — pour une jolie femme surtout !

D’autre part, lorsqu’en 1565 Louise, veuve et sans enfants, dictait au notaire Laforest son testament si minutieusement détaillé, Antoinette Taillard vivait encore. Cependant si on voit de nombreux legs faits à son entourage, sans oublier ses « chambrières, » même les anciennes, la femme et la nièce de son fermier, et les quatre filles de son voisin de Parcieu, je ne trouve pas la moindre mention de la veuve de son père. À Lyon pourtant, pays de droit écrit, la mère devait avoir une réserve dans la succession de son enfant