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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


gens ont libertiné sur le papier à propos d’une jolie femme. Toute femme jolie ou grande dame est exposée à voir tomber à ses pieds quelques rimes polissonnes, et les gens les plus sérieux ne se privent pas toujours du plaisir de les lire.

En 1561, pendant cette lutte à coups de plume qui préparait la lutte à coups d’arquebuse, Calvin traite la Belle Cordière de plebeia meretrix, à la suite d’un incident assez singulier qui sera raconté en son temps. La traduction française par Théodore de Bèze du pamphlet de Calvin contre Gabriel de Saconay, dignitaire de l’Église de Lyon, dans lequel se trouve cette expression, parut en 1566, l’année même de la mort de Louise à Parcieu en Dombes.

Dès ce moment, elle a sa place dans toutes les histoires de quelque importance. Paradin, l’historien de la ville de Lyon, nous dit qu’elle se fit remarquer non seulement par ses écrits, mais encore par sa vertu. À Louise Labé et à Pernette du Guillet, « ces deux dames lyonnoises en ce temps excellentes en savoir et en poésie, » il consacre tout un chapitre de son livre ; et le style du bon doyen de Beaujeu prend, pour célébrer leurs mérites, une allure lyrique qu’il n’a jamais que dans les grandes circonstances. Il faut noter dès maintenant la date de la publication de son ouvrage, 1573, et l’insistance avec laquelle il nous dit que la vie de Louise fut irréprochable.

La même année, Claude de Rubys, cet éternel contradicteur de Paradin, parlant des martyrs de Lyon en