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RECHERCHES SUR LA VIE


sonne ne mentionne le moindre incident de cette triste lutte entre un talent supérieur et une condition inférieure, au milieu des préjugés qui, à toutes les époques et dans toutes les sociétés, ont toujours entravé l’essor des meilleurs esprits. Personne ne le révèle, sauf peut-être l’auteur du premier livre connu de nous qui parle de la Belle Cordière, et à qui sans doute appartiendra le dernier mot dans la discussion. C’est un livre bizarre intitulé : Le fort inexpugnable de l’honneur du sexe féminin construit par François de Billon, dont l’impression s’achevait à Paris quelques mois avant l’apparition des œuvres de Louise Labé. On y voit que la « malice envieuse » s’exerçait déjà contre elle ; mais François de Billon trouve qu’aucune femme n’est à l’abri de ces sortes de malignité et que cela préserve les hommes, « faute de meilleurs propos, de s’endormir à table. » Ceci, en effet, est extrait d’un chapitre relatif aux Brocards contre les femmes.

Un autre ouvrage qui nomme notre aimable écrivain est le recueil des œuvres de Jacques Peletier du Mans imprimé à Lyon, chez Jean de Tournes, en 1555, c’est-à-dire la même année que les vers de Louise. Son auteur, « célèbre médecin, grand mathématicien et grand poète, » d’après le P. Colonia, énumère les splendeurs de la ville de Lyon dans une ode dédiée à Louise Labé, qui, à ses yeux, en est une des merveilles.

Pour mémoire, et en regrettant d’avoir à y revenir plus loin, il faut citer ici une chanson imprimée en 1557 et une ode de 1559, dans lesquelles deux jeunes