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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


découvrir un exemplaire de l’ouvrage. On est donc forcé de s’en tenir au témoignage de Dagoneau, tout en conservant une prudente réserve sur son appréciation relativement au mérite littéraire du sieur de Sancé. Sans faire tort à cette nébuleuse disparue du firmament poétique, il est permis de douter que ce brave Angevin ait eu la plume assez fine pour « translater en rimes » les délicatesses de cette prose féminine. Quant aux imperfections du petit poème, son « translateur, » au lieu de les effacer, n’a pu que les aggraver, puisqu’elles tenaient moins au goût personnel de l’auteur qu’à celui de son temps.

Il est certain que cette œuvre, la plus étendue parmi celles de Louise Labé, est un type achevé de finesse et d’observation féminines, et que les contemporains lui ont accordé une attention toute particulière. De nos jours, il en est autrement : on feuillette rapidement ces pages, qui paraissent tenir trop de place dans le volume de Jean de Tournes, pour arriver plus vite aux sonnets et, parmi les sonnets, au XVIIIe, — quelques-uns veulent bien joindre à ce sonnet le XIVe, — et ces deux morceaux résument pour eux l’œuvre de la Belle Cordière. Cependant le Débat est un petit chef-d’œuvre, laissant bien loin derrière lui, comme pensées, l’ensemble des vers de Louise Labé, et pouvant, du point de vue de la forme, être mis à côté des meilleures pages écrites au milieu du xvie siècle. Ce qui nous empêche de le lire, ce ne sont ni les longueurs ni les subtilités qu’il a de commun avec la plupart des compositions