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RECHERCHES SUR LA VIE


Or, l’idée, le plan et l’ensemble de la composition du Débat paraissent appartenir à Louise Labé, qui a pu emprunter quelques détails curieux à l’Encomium Moriæ d’Érasme, à la Danse des Aveugles de Michault et aux écrivains de l’antiquité, mais à qui, jusqu’à plus ample informé, doit revenir l’honneur de l’invention.

Ce poétique sujet, l’éternel débat de la folie et de l’amour, traité en prose à une époque où tout n’était que ramage d’oiseaux et d’oisillons éveillés par Ronsard et Du Bellay, est ce que le public connaît le moins de l’œuvre de la Belle Cordière. Il n’en était pas de même au temps de Louise Labé, et, peu d’années après sa mort, on formait à Paris un petit volume avec le Débat de Folie et d’Amour et l’une des premières traductions de Daphnis et Chloé. Ce gracieux hommage rendu à la prose de la belle Lyonnaise par un de ces imprimeurs de la Renaissance qui étaient à la fois des érudits et des délicats, n’est pas le seul qu’elle ait obtenu, car le Débat a eu les honneurs de l’imitation en vers. C’est du moins ce qu’affirme Jean Dagoneau, un biographe de Louise Labé inconnu jusqu’à ce jour, qui accuse de cette transformation un autre personnage encore moins connu répondant au nom de Jacques Ridouet, sieur de Sancé, « qui, de ce non content, aurait, suivant la piste de cette dame (Louise), enfoncé la dispute qu’elle avait entamée (entre la Folie et l’Amour), en joignant à son œuvre trois autres discours élégans en rithme. » Tout cela, dit-on, aurait été imprimé ; mais il ne nous a pas été possible de