Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
DE DIVERS POETES.



 Met en memoire immortelle
 De ſon Ange le beau nom :
 Sacrant l’Angelique face,
 Sa beauté, ſa bonne grace,
 Au temple du ſaint renom.
À tant la Deeſſe belle
 Mit fin à ſon dous parler :
 Son chariot elle atelle
 Toute preſte à s’en voler :
 Les mignonnes colombelles
 Par le vague doucement
 Eſbranlent leurs blanches eſles
 D’un paiſible mouuement.
 Louïze eſtant eſueillee
 Reſta toute eſmerueillee
 De la ſainte viſion ;
 Ignorante ſi ſon ſonge
 Eſt verité ou menſonge.
 Ou quelque autre illuſion.
Son corps droit, ſa bonne grâce,
 Son dur teton, ſes beaus yeus,
 Les diuins traits de ſa face,
 Son port, ſon ris gracieus.
 Le front ſerein, la main belle,
 Le ſein comme albaſtre blanc
 Montrent euidemment qu’elle
 Sortit du Ciprien flanc.
 Puis ſa vaillance & proueſſe,
 Son courage, ſon adreſſe,