Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
ESCRIZ



En dormant tout deuant elle
 Sa mere ſe preſenta,
 En ſon beau viſage telle
 Qu’alors qu’elle s’acointa
 D’Anchiſe, pres du riuage
 Du Simoent Phrygien :
 Dont naquit le preus courage
 Qui au camp Heſperien
 Renouuella la memoire,
 Et la trionfante gloire
 Du ſang Troyen abatu.
 Qui deuoit en rude guerre
 Tout le grand rond de la Terre
 Conquérir par ſa vertu.
Ell’ regarde par merueille
 Son viſage nompareil,
 Son haut front, ſa ronde oreille.
 Son teint freſchement vermeil,
 Le vif coral de ſa bouche.
 Ses ſourcis tant gracieus,
 Que doucement elle touche
 Pour voir les rais de ſes yeus :
 Non ſans contempler encore
 Celle beauté qui decore
 La rondeur de ſon tetin,
 Qui ni plus ni moins ſoupire
 Qu’au printems le dous Zephire
 Alenant l’air du matin.
Apres que la Cyprienne