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DE DIVERS POETES.



 De beaus mirtes Cipriens,
 Ny de buis, ny d’aucun arbre,
 Ny de ce precieus marbre
 Qu’on taille es monts Pariens :
Mais elle eſtoit tapiſſee
 Tout l’enuiron de ſes bors,
 Ou ſon onde courroucee
 Murmuroit ſes dous acors,
 D’herbe touſiours verdoyante.
 Peinte de diuerſes fleurs,
 Qui en l’eau douſondoyante
 Meſloient leurs belles couleurs.
 Qui uſt regardé la teſte
 D’un Narciſſe qui s’arreſte
 Tout panchant le col ſur l’eau,
 On uſt dit que ſon courage
 Contemploit encor l’image
 Qui trop & trop lui fut beau.
Auſſi par cette verdure
 Eſtoit le iaune Souci,
 Qui encor la peine dure
 De ſes feus n’a adouci :
 Ains touiours ſe vire & tourne
 Vers ſon Ami qu’il veut voir,
 Soit au matin, qu’il aiourne,
 Ou quand il eſt près du ſoir.
 Là auſſi eſtoient Brunettes,
 Maſtis, damas, violettes
 Çà & là ſans nul compas :