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ESCRIZ



 Et le ceruerin rebelle
 Au plaiſir venerien :
 Auec l’obſcure ramee
 Par Phebe iadis formee
 Du corps Cypariſſien.
Sous cette douce verdure,
 Soit en la gaye ſaiſon.
 Ou quand la triſte froidure
 Nous renferme en la maiſon,
 Tarins, Roſſignols, Linotes
 Et autres oiſeaus des bois
 Exercent en gayes notes
 Les dous iargons de leurs voix :
 Et la veſue tourterelle
 Y pleint & pleure à par elle
 Son amoureus tout le iour :
 De ſa parole enrouee
 À pleints & à pleurs vouee
 Efroyant l’air tout autour.
Et à fin qu’à beauté telle
 Rien manquer on ne puſt voir,
 De la beauté naturelle
 Qu’un beau iardin peut auoir,
 Il y ut une fonteine,
 Dont l’eau coulant contre val
 En ſautant hors de ſa veine
 Sembloit au plus cler criſtal :
 Elle ne fut point ornee,
 Ny autour enuironnee