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ESCRIZ



 Ainſi cette belliqueuſe
 Ne fut iamais orguilleuſe :
 Telle au camp elle n’alla :
 Ains ce fut à la priere
 De Venus, ſa douce mere,
 Qui un ſoir lui en parla.
Vn peu plus haut que la plaine,
 Ou le Rone impetueus
 Embraſſe la Sone humeine
 De ſes grands bras tortueus,
 De la mignonne pucelle
 Le plaiſant iardin eſtoit.
 D’une grâce & façon telle
 Que tout autre il ſurmontoit :
 En regardant la merueille
 De la beauté nompareille
 Dont tout il eſtoit armé,
 Celui bien on l’uſt pù dire
 Du iuſte Roy de Corcyre
 En pommes tant renommé.
À l’entrée on voyoit d’herbes,
 Et de thin verfloriſſant,
 Les lis & croiſſans ſuperbes
 De notre Prince puiſſant :
 Et tout autour de la plante
 De petits ramelets vers
 De marioleine flairante
 Eſtoient plantez ces ſix vers :