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ESCRIZ



Elle le fait aparoitre
 Au docte de ſes eſcriz,
 Qu’on voit iournellement naitre,
 Et deuancer les eſprits,
 Qui auoient gaigné le pris
 D’eſtre mieus luz en notre aage.
 Ô féminin entrepris
 De l’immortalite gage !
Qui une flame amoureuſe,
 Qui mieus les paſſionnez,
 Et de veine plus heureuſe
 Diſcerne les aptes nez,
 Et à l’Amour fortunez,
 De ceus, leſquels à outrance
 Seront touſiours mal menez,
 Et repuz d’une eſperance ?
Qui de langue plus diſerte
 Fait le Muſagete orer
 Contre l’eloquence experte
 Du Dieu, qui peut atirer
 Par le caut de ſon parler
 L’erreur à la vraye trace ?
 Qui près d’eus peut ſommeiller,
 Comme elle, ſur le Parnaſſe ?
Donq que ſur ſes temples vole
 Ce vert entortillonné
 Pris de la ramure mole
 De la fuyarde Daphné,
 Et doctement façonné