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SONNETS.


Les Nynfes ia en mile ieus s’esbatent
 Au cler de Lune, & danſans l’herbe abatent :
 Veut tu Zephir de ton heur me donner,
Et que par toy toute me renouuelle ?
 Fay mon Soleil deuers moy retourner.
 Et tu verras s’il ne me rend plus belle.

XVI.

Apres qu’un tems la greſle & le tonnerre
 Ont le haut mont de Caucaſe batu,
 Le beau iour vient, de lueur reuétu.
 Quand Phebus ha ſon cerne fait en terre,
Et l’Océan il regaigne à grand erre :
 Sa ſeur ſe montre auec ſon chef pointu.
 Quand quelque tems le Parthe ha combatu,
 Il prent la fuite & ſon arc il deſſerre.
Vn tems t’ay vù & conſolé pleintif,
 Et defiant de mon feu peu hatif :
 Mais maintenant que tu m’as embraſee.
Et ſuis au point auquel tu me voulois.
 Tu as ta flame en quelque eau arroſee.
 Et es plus froit qu’eſtre ie ne ſoulois

XVII.

Ie fuis la vile, & temples, & tous lieus,
 Eſquels prenant plaiſir à t’ouir pleindre,
 Tu peus, & non ſans force, me contreindre
 De te donner ce qu’eſtimois le mieus.