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SONNETS.


XIIII.

Tant que mes yeus pourront larmes eſpandre,
 À l’heur paſsé auec toy regretter :
 Et qu’aus ſanglots & ſoupirs reſiſter
 Pourra ma voix, & un peu faire entendre :
Tant que ma main pourra les cordes tendre
 Du mignart Lut, pour tes grâces chanter :
 Tant que l’eſprit ſe voudra contenter
 De ne vouloir rien fors que toy comprendre :
Ie ne ſouhaitte encore point mourir.
 Mais quand mes yeus ie ſentiray tarir,
 Ma voix caſſee, & ma main impuiſſante,
Et mon eſprit en ce mortel ſeiour
 Ne pouuant plus montrer ſigne d’amante :
 Priray la Mort noircir mon plus cler iour.

XV.

Pour le retour du Soleil honorer,
 Le Zephir, l’air ſerein lui apareille :
 Et du ſommeil l’eau & la terre eſueille,
 Qui les gardoit l’une de murmurer
En dous coulant, l’autre de ſe parer
 De mainte fleur de couleur nompareille.
 Ia les oiſeaus es arbres font merueille,
 Et aus paſſans font l’ennui moderer :