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SONNETS.


IX.

Tout auſſi tot que ie commence à prendre
 Dens le mol lit le repos deſiré,
 Mon triſte eſprit hors de moy retiré
 S’en va vers toy incontinent ſe rendre.
Lors m’eſt auis que dedens mon ſein tendre
 Ie tiens le bien, ou i’ay tant aſpiré.
 Et pour lequel i’ay ſi haut ſouſpire,
 Que de fanglots ay ſouuent cuidé fendre.
Ô dous ſommeil, ô nuit à moy heureuſe !
 Plaiſant repos, plein de tranquilité,
 Continuez toutes les nuiz mon ſonge :
Et ſi iamais ma poure ame amoureuſe
 Ne doit auoir de bien en vérité.
 Faites au moins qu’elle en ait en menſonge.

X.

Quand i’aperçoy ton blond chef couronné
 D’un laurier verd, faire un Lut ſi bien pleindre,
 Que tu pourrois à te ſuiure contreindre
 Arbres & rocs : quand ie te vois orné.
Et de vertus dix mile enuironné,
 Au chef d’honneur plus haut que nul ateindre :
 Et des plus hauts les louenges eſteindre :
 Lors dit mon cœur en ſoy paſſionné :