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SONNETS.


Donq des humains ſont les laſſez eſprits
 De dous repos & de ſommeil eſpris.
 I’endure mal tant que le Soleil luit :
Et quand ie ſuis quaſi toute caſſee,
 Et que me ſuis miſe en mon lit laſſee,
 Crier me faut mon mal toute la nuit.

VI.

Deus ou trois fois bienheureus le retour
 De ce cler Aſtre, & plus heureus encore
 Ce que ſon œil de regarder honore.
 Que celle là receuroit un bon iour,
Qu’elle pourrait ſe vanter d’un bon tour
 Qui baiſeroit le plus beau don de Flore,
 Le mieus ſentant que iamais vid Aurore,
 Et y ferait ſur ſes leures ſeiour !
C’eſt à moy ſeule à qui ce bien eſt du,
 Pour tant de pleurs & tant de tems perdu :
 Mais le voyant, tant lui feray de feſte,
Tant emploiray de mes yeus le pouuoir,
 Pour deſſus lui plus de crédit auoir,
 Qu’en peu de temps feray grande conqueſte.

VII.

On voit mourir toute choſe animée,
 Lors que du corps l’ame ſutile part :
 Ie ſuis le corps, toy la meilleure part :
 Ou es tu donq, ô ame bien aymee ?