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LOUISE LABÉ


Soit en beauté, vertu, grace et faconde,
Comme plusieurs gens sauuans par le monde
M’ont fait à tort, ce croy ie, estre estimee.
Mais qui pourra garder la renommee ?
Non seulement en France suis flatee,
Et beaucoup plus, que ne veus, exaltee.
La terre aussi que Calpe et Pyrenee
Auec la mer tiennent enuironnee,
Du large Rhin les roulantes areines,
Le beau païs auquel or’ te promeines,
Ont entendu (tu me l’as fait à croire)
Que gens d’esprit me donnent quelque gloire.
Goute le bien que tant d’hommes desirent :
Demeure au but ou tant d’autres aspirent :
Et croy qu’ailleurs n’en auras une telle.
Ie ne dy pas qu’elle ne soit plus belle :
Mais que iamais femme ne t’aymera,
Ne plus que moy d’honneur te portera.
Maints grans Signeurs à mon amour pretendent,
Et à me plaire et seruir prets se rendent,
Ioutes et ieus, maintes belles deuises
En ma faueur sont par eux entreprises :