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LOUISE LABÉ


Comme ose tu ainsi abuser celle
Qui de tout tems t’a esté si fidelle ?
Or que tu es aupres de ce riuage
Du Pau cornu, peut estre ton courage
S’est embrasé d’une nouuelle flame,
En me changeant pour prendre une autre Dame :
Ià en oubli inconstamment est mise
La loyauté, que tu m’auois promise.
S’il est ainsi, et que desia la foy
Et la bonté se retirent de toy :
Il ne me faut emerueiller si ores
Toute pitié tu as perdu encores.
Ô combien ha de pensee et de creinte,
Tout à par soy, l’ame d’Amour esteinte !
Ores ie croy, vù notre amour passee,
Qu’impossible est, que tu m’aies laissee :
Et de nouuel ta foy ie me fiance,
Et plus qu’humeine estime ta constance.
Tu es, peut estre, en chemin inconnu
Outre ton gré malade retenu.
Ie croy que non : car tant suis coutumiere
De faire aus Dieus pour ta santé priere,