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NOTICE


mœurs du temps qui permettent tout écart d’imagination et qui acceptent les plus grandes hardiesses de langage. Les admirateurs de Louise ont pu chanter en latin certains détails de sa beauté, comme dans la fameuse pièce imprimée à la suite de ses œuvres, De Aloysæ Labææ osculis, sans que personne y ait trouvé à redire. Il y a loin, à cette époque, de la parole aux actes.

Il faut aussi noter à sa décharge le rang distingué occupé par la Belle Cordière ; l’affection pour son mari qui lui permit d’éditer ses poésies, ce à quoi il n’aurait peut-être pas consenti si ses vers s’étaient adressés à d’autres qu’à des amants imaginaires, comme cela se pratiquait souvent ; son testament du 28 avril 1565 qui respire la plus angélique piété et où nous relevons des dons importants aux œuvres de charité et des legs pour célébrer des messes à son intention ; enfin son amitié pour Clémence de Bourges, jeune fille de haute noblesse, à qui elle dédie son livre. Peut-être n’aurait-elle pas osé se mettre ainsi sous le patronnage de la vertu si elle avait été connue de tous pour une femme de mauvaise vie. Il est vrai qu’on a reproché à Clémence de Bourges d’avoir été la maîtresse d’un homme que Louise Labé aurait ensuite détourné d’elle à son profit. Mais ceci est une légende. La jeune