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LOUISE LABÉ


La cour faisait de fréquents séjours dans la ville. Sous Louis XII elle fut même plus souvent à Lyon qu’à Paris, ainsi que sous François I. Il en résulta une certaine émulation entre lyonnais et parisiens, lesquels considéraient avec jalousie cette préférence. Des fêtes magnifiques s’organisaient, rehaussées par le luxe, la beauté et la multitude des femmes richement parées. Comme la noblesse était en très petite quantité à Lyon, les femmes des bourgeois notables prirent part à ces réjouissances et retirèrent de cette vie brillante des manières délicates et une façon distinguée de s’intéresser aux choses de l’esprit.

Par le contact avec la joie et avec l’Italie s’introduit ici une nouvelle forme de penser et de sentir. On a très finement remarqué que la Renaissance ne s’est pas implantée à Lyon au moyen de livres et de sociétés pédantes, mais par la vie sociale, « par des rapports directs avec des hommes du monde… et elle s’est développée sous l’influence de l’art et du luxe italien, dans une société qui s’adonnait à la gaité et à des fêtes auxquelles les femmes prenaient part… Voilà pourquoi, ajoute M. Baur,[1] la Renaissance lyonnaise est polie, galante, sans aucune inclination à la gauloiserie du

  1. Albert Baur : opus cit p. 6.