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Marché » ? Un imprimeur suisse-français vint un jour offrir ses services à un éditeur parisien. Ils furent longtemps à s’entendre. Le suisse appelait phrase ce que nous appelons justification. En esperanto, dira-t-on, ils se seraient compris aussitôt. C’est possible, si l’esperanto est capable de former de tels mots : mais il y faut encore une autre condition, c’est que ces mots donnent un sens sans aucune amphibologie, et ceci, c’est la chimère. Que l’on me traduise donc en esperanto : petite-main, couillard, pas de vis ; que l’on note donc, en cette langue rationnelle, la différence minutieuse qu’un homme de Rouen ou d’Amiens fait entre du fil-en-quatre et du fil-en-six ? Mais on donnerait des exemples à l’infini et tous inabordables à ce jargon également fâcheux et prétentieux. Le commerce et l’industrie qui vivent d’une langue précise, sont fermés à l’esperanto, qui forme ses mots, comme les nègres créoles, de deux balbutiements accolés selon une logique enfantine.

Reste la question du monde scientifique. C’est à ce point de vue, naturellement, qu’un congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences, tenu à Grenoble, s’est occupé de la « langue auxiliaire internationale ». Il y eut un rapport, des discussions et, finalement, l’Association renouvela « son adhésion pleine et entière au programme de la délégation pour l’adoption d’une langue auxiliaire internationale ».

Il y a des choses surprenantes dans le rapport, dû à M. Bourlet. Il nous affirme sérieusement que Descartes,