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qui travaille les cerveaux en apparence les plus sains. De quelle utilité générale cela peut-il être que les vignerons de l’Hérault parlent la même langue que les coolies chinois ?

Au contraire, un ensemble d’hommes qui a sa langue propre est plus fort. Durant les vendanges nous occupons des ouvriers italiens qui ne connaissent ni le français, ni le languedocien. Pourtant, ils se font bien comprendre et cette difficulté à communiquer avec les indigènes, rend ces italiens, plus méfiants, plus économes. Ils se réunissent entre compatriotes et la communauté du langage et des intérêts, en les isolant, les rend plus forts.

Outre que les Chinois et les Cafres auraient à se plaindre de l’adoption universelle du latin, je ne vois pas des savants d’accord sur la prononciation et l’orthographe. Que de disputes et de polémiques !

La langue exportée par les légions romaines et qui n’a pas su se garder pure et vivante, lorsqu’elle avait l’appui des armes et l’asile des camps proconsulaires, essaierait en vain de revivre sous la tutelle des Académies. Il y aurait toujours des paysans et des politiciens pour la déformer. Ma province garda, durant dix siècles, le trésor latin ; il suffit des soudards d’Amalric pour éteindre avec les libertés romanes, le dernier sourire de la parole