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INTRODUCTION AU LIVRE DE JUDITH.

révoltée, depuis la Lydie, où régnait Gygès, jusqu’à Memphis, en Egypte, où régnait Psammétique, fils de Néchao.

IIe section : Les trois premières campagnes d’Holopherne contre l’Asie occidentale, ii-iii. Assurbanipal plaça sous le commandement d’Holopherne l’armée chargée de remettre sous le joug assyrien les anciens tributaires de l’Asie occidentale, ii, 1-11. — 1o Dans une première campagne, elle opéra une sorte de razzia dans la Cappadoce et une partie de l’Asie-Mineure, ii, 12-13. — 2o Holopherne fit ensuite une seconde campagne, à l’est de l’Euphrate, ii, 14. La révolte des habitants de Babylone et du Bas-Euphrate, qui ne sont pas mentionnés parmi les rebelles du ch. i, l’avait obligé à modifier ses plans. Une insurrection avait éclaté au sud de l’Assyrie, et la nécessité de la réprimer contraignit Assurbanipal à rappeler Holopherne pour combattre les insurgés de la Chaldée. Le général assyrien porta donc ses armes depuis le fleuve Chaboras jusqu’au golfe Persique et prit ainsi part à la défaite de Babylone et de ses alliés, défaite racontée longuement dans l’histoire d’Assurbanipal. — 3o Les Arabes s’étaient unis à Samassumukin, vice-roi de Babylone, frère d’Assurbanipal, dans sa révolte contre son suzerain. Holopherne fit contre eux sa troisième campagne, ii, 15-17. Toute la ligne des pays parcourus par Holopherne était occupée, en dehors des villes, par des Arabes. Les Madianites dont il est question ici sont certainement des Bédouins nomades, c’est-à-dire les Arabes des documents ninivites. Le texte grec mentionne dans les termes suivants le traitement infligé aux vaincus : « Il enveloppa tous les fils de Madian, et il brûla toutes leurs tentes, et il pilla tous les parcs où ils avaient leur bétail. » — Voici maintenant comment Assurbanipal raconte qu’il châtia la révolte des Arabes :


2. Les hommes d’Arabie, tous ceux qui étaient venus avec lui [leur roi],
3. je fis périr par l’épée et lui, de la face
4. des vaillants soldats d’Assyrie s’enfuit et il s’en alla
5. au loin. Les tentes, les parcs,
6. leurs demeures, on y mit le feu et on les brûla dans les flammes.

Tous les rapprochements que nous venons de faire ne sont pas certains, mais il est impossible de ne pas les trouver très frappants.

La vigueur avec laquelle Holopherne mena cette campagne contre les nomades, qui habitent la lisière des pays cultivés de l’Asie occidentale, remplit de terreur leurs voisins, et ils s’empressèrent de rompre la ligue qu’ils avaient formée contre l’Assyrie pour courber de nouveau le front sous le joug, ce qui n’empêcha pas cependant le général ennemi de les traiter avec dureté, iii. Il ne rencontra de résistance que devant Béthulie, contre laquelle il fit sa quatrième et dernière campagne.

IIIo section : Terreur d’Israël, qui s’apprête néanmoins à la résistance, iv. — Holopherne était maître de la Syrie et de la Phénicie ; il menaçait maintenant les Israélites. Ceux-ci, abandonnés de tous leurs alliés, privés de leur roi Manassé, qui était alors, croyons-nous, prisonnier à Babylone, ne voulurent point cependant se rendre sans combat. Ils occupèrent fortement les défilés qui conduisent de la plaine de Jezraël dans l’intérieur du pays, et en particulier la ville de Béthulie. Béthulie n’est nommée que dans le livre de Judith ; de là, la difficulté de l’identifier. Il est certain qu’elle était voisine de Jezraël et de