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INTRODUCTION AUX LIVRES DES PARALIPOMÈNES.


l’imitation des villes de la Perse, une birah ou forteresse, distincte du temple, laquelle fut appelée plus tard Baris et citadelle Antonia.

La tradition attribue généralement à Esdras la composition des Paralipomènes, et ce que nous venons de constater sur l’époque de leur rédaction est en parfait accord avec ce témoignage. Il est confirmé par l’identité de la conclusion de II Par., xxxvi, 22-23, et du commencement de I Esd., i, qui donne également l’édit de Cyrus, mais d’une manière plus complète. On trouve, de plus, dans les Paralipomènes et le livre d’Esdras, le même goût pour les généalogies, pour tout ce qui lient au culte et à la tribu de Lévi ; des locutions particulières qui ont une signilication propre à ces deux ouvrages, tels que kammischpât, « selon la loi de Moïse », et de nombreux chaldaïsmes.

Les tables généalogiques formant la première partie des Paralipomènes sont extraites, soit du Pentateuque et des livres historiques antérieurs contenus dans la Sainte Ecriture, soit de documents extrabibliques.

Dans la seconde partie, I Par., x-II Par., xxxvi, contenant les annales des rois de Juda, de David à la captivité, l’auteur indique, après la mort de chaque roi, où il a puisé les renseignements qui le concernent.

Le soin avec lequel l’auteur des Paralipomènes indique les sources dont il s’est servi est une garantie de son exactitude et de la diligence avec laquelle il a recueilli tous les renseignements propres à lui faire connaître la vérité, indépendamment même de l’inspiration qui le mettait à l’abri de toute erreur. C’est là un point digne de remarque, parce que, de tous les livres que contient la Bible hébraïque, les Chroniques sont ceux dont l’autorité est le plus violemment attaquée par les rationalistes contemporains.

« Une partie considérable des faits racontés par ce livre lui est commune avec les livres historiques canoniques plus anciens, et les termes qu’il emploie sont souvent identiques, ou à peu près, aux termes employés dans ces derniers ; une autre partie, également importante, lui est propre. Au temps où la critique négative dominait dans les études bibliques, on expliquait les ressemblances entre les Rois et les Paralipomènes en admettant que l’auteur de ceux-ci avait pris dans les premiers tout ce qui leur était conforme, mais que tout ce qui était différent et lui appartenait à lui seul était de son invention ou bien le résultat de contre-sens, de remaniements, d’embellissements ou d’altérations volontaires. La valeur historique des Chroniques a été vengée de ces soupçons injustes. On reconnaît maintenant que l’auteur a travaillé partout d’après les sources et qu’il n’est pas possible de lui attribuer des fictions ou des falsifications volontaires. » (Dillmann.)

« Le soin avec lequel il a compulsé ses sources est démontré d’une manière évidente par la comparaison des récits qu’il a en commun avec les livres de Samuel et des Rois. Non seulement, dans ces passages parallèles, les relations concordent sur tous les points essentiels, mais là où elles offrent des variantes, les Chroniques donnent, quant aux faits, des détails plus précis et plus développés ; quant à la forme, les différences sont sans portée : elles consistent seulement dans l’expression et le style, ou bien s’expliquent par le but parénétique et didactique de l’historien.

» Ce but parénétique n’a d’ailleurs jamais porté atteinte à la vérité objective des faits, comme le prouve une étude attentive et minutieuse du texte ; il a seulement communiqué à la narration une empreinte subjective ou personnelle,