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[ch. ii.]
RUTH.

11. Noémi leur répondit : Retournez, mes filles, pourquoi venez-vous avec moi ? Est-ce que j’ai encore des fils dans mon sein, pour que vous puissiez espérer de moi des maris ?

12. Retournez, mes filles, et allez-vous-en ; je suis déjà usée de vieillesse, et nullement propre au lien conjugal. Quand même je pourrais concevoir cette nuit et enfanter des fils,

13. Si vous vouliez les attendre jusqu’à ce qu’ils eussent grandi et achevé les années de puberté vous seriez vieilles avant de les épouser. Non, mes filles, je vous prie ; parce que votre angoisse pèse trop sur moi, et la main du Seigneur est sortie contre moi.

14. Ainsi, la voix élevée, elles se mirent de nouveau à pleurer. Orpha embrassa sa belle-mère, et s’en retourna ; Ruth s’attacha à sa belle-mère ;

15. Et Noémi lui dit : Voilà ta belle-sœur qui est retournée à son peuple et à ses dieux, va avec elle.

16. Ruth répondit : N’insistez point auprès de moi, pour que je vous quitte et que je m’en aille, car partout où vous irez, j’irai ; et là où vous demeurerez, moi aussi je demeurerai. Votre peuple est mon peuple, et votre Dieu mon Dieu.

17. Et la terre qui vous recevra mourante, j’y mourrai ; et c’est là que je prendrai le lieu de ma sépulture. Que le Seigneur me fasse ceci et qu’il ajoute cela, si ce n’est pas la mort seule qui me sépare de vous.[1]

18. Noémi voyant donc que Ruth avait opiniâtrement résolu d’aller avec elle, ne voulut plus s’y opposer, ni lui persuader de retourner vers les siens.

19. Et elles partirent ensemble, et elles vinrent à Bethléhem. Entrées dans la ville, le bruit s’en répandit promptement parmi tous les habitants, et les femmes disaient : Voilà cette Noémi.

20. Noémi leur dit : Ne m’appelez point Noémi (c’est-à-dire belle); mais appelez-moi Mara (c’est-à-dire amère), parce que le Tout-Puissant m’a remplie d’une grande amertume.

21. Je suis sortie pleine, et le Seigneur m’a ramenée vide. Pourquoi donc m’appelez-vous Noémi, moi que le Seigneur a humiliée et que le Tout-Puissant a affligée.

22. Noémi vint donc avec Ruth, la Moabite, sa belle-fille, de la terre de son pèlerinage ; et elle revint à Bethléhem, quand on commençait à moissonner les orges.

CHAPITRE 2.

Ruth va glaner dans les champs de Booz. Booz la comble de bonté.

1. Or Elimélech, mari de Noémi, avait un parent, homme puissant et de grandes richesses, du nom de Booz.

  1. Rt. 1,17 : Que le Seigneur, etc. Bien que les mots du texte hébreu diffèrent un peu de ceux de la Vulgate, le sens est le même ; il exprime une formule de serment usitée dans ces anciens temps, mais abrégée ici par l’auteur sacré. C’est comme si l’on disait : Que le Seigneur me punisse de tels et tels maux et d’autres encore.