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INTRODUCTION

AU LIVRE DES JUGES


Le livre des Juges nous raconte les traits les plus saillants de l’histoire du peuple de Dieu, depuis la mort de Josué jusque vers l’époque de Samuel, qui établit Saül premier roi d’Israël. Il est précédé d’une sorte d’introduction renfermant deux parties. La première, i-ii, 5, trace le tableau de l’état politique d’Israël, après la mort de Josué, relativement aux Chananéens, qui n’avaient pas été expulsés de leurs anciennes possessions ; la seconde, ii, 6-iii, 6, dépeint l’état religieux des Hébreux, qu’elle nous montre vacillant constamment entre la fidélité et l’infidélité, prospères quand ils servent le vrai Dieu, châtiés quand ils tombent dans l’idolâtrie, jusqu’à ce qu’ils fassent pénitence.

Les Juges d’Israël, mentionnés dans le livre qui porte leur nom, sont au nombre de treize ou de quatorze, selon que l’on compte ou non parmi eux Abimélech, qui usurpa le pouvoir royal à Sichem. L’auteur sacré ne nous les fait pas tous connaître en détail ; il ne raconte un peu longuement que la vie de sept d’entre eux, en se contentant d’énumérer les autres. De là sept sections : 1o Othoniel, iii, 7-11 ; 2o Aod (et Samgar), iii, 12-31 ; 3o Débora et Barac, iv-v ; 4o Gédéon, vi-viii, 32 ; 5o Abimélech (Thola et Jaïr), viii, 33-x, 5 ; 6o Jephté (Abesan, Ahialon et Abdon), x, 6-xii ; 7o Samson, xiii-xvi.

Deux appendices terminent le livre. Le premier nous raconte l’histoire de l’idolâtrie des Danites, xvii-xviii, et le second le crime des habitants de Gabaa, qui amena la guerre des autres tribus contre celle de Benjamin et l’anéantissement presque total de cette dernière, xix-xxi. Ces deux événements n’ont aucune relation nécessaire avec le corps de l’ouvrage ; ils y sont joints comme suppléments, parce qu’ils se sont passés dans la même période, le premier, un peu avant, le second, un peu après la mort de Josue.

Si l’on ne tient pas compte de ce double appendice, le livre des Juges forme un tout homogène, dont une pensée unique constitue l’unité. Nous n’avons là, sans doute, qu’une série de portraits, mais ils ont tous été peints par le même artiste et dans le but de former une seule galerie. L’introduction en est comme le vestibule nécessaire, qui prépare et explique ce qui suit. Le cadre de tous les récits est identique, et il nous révèle clairement le dessein de l’auteur, indiqué d’ailleurs dans l’introduction : c’est de prouver par des exemples qu’Israël est heureux tant qu’il est fidèle à son Dieu ; malheureux, dès qu’il l’abandonne ; pardonné, dès qu’il se convertit. Ainsi le corps de l’ouvrage n’a point d’autre but que de démontrer la thèse posée, ii, 11-19, et la conclusion pratique qui en découle, c’est la nécessité, pour le pécheur, de reconnaître sa faute et de revenir à son Dieu.