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INTRODUCTION AU LIVRE DE JOSUÉ.


celle du royaume de Samarie ; de voir, dans huit heures d’intervalle, trois localités célèbres comme Hébron, Bethléem et Jérusalem. Le contraste entre la petitesse de la Palestine et la vaste étendue des empires voisins de sa frontière septentrionale et méridionale est presque toujours présent à l’esprit des prophètes et des psalmistes. Il les aide à sentir plus vivement la bonté de Dieu envers leur patrie, quand ils chantent leurs petites collines et leurs torrents desséchés, qu’ils comparent aux hauts sommets du Liban et de l’Hermon et aux fleuves larges comme une mer de la Mésopotamie. Ce n’est pas d’ailleurs seulement par son peu d’étendue, mais aussi par son peu de largeur que cette contrée est remarquable. De tous les points élevés, sa largeur est visible dans sa totalité, de la longue muraille des collines de Moab à l’est jusqu’à la mer Méditerranée à l’ouest. » (Stanley.)

La Palestine est essentiellement un pays montagneux, un massif de collines entrecoupées seulement de quelques vallées ou gorges plus ou moins profondes, creusées par les pluies d’hiver et appelées aujourd’hui ouadis ; il n’y a guère de plaines que sur les bords de la mer Méditerranée. Elle comprend trois principaux massifs, celui des montagnes de Nephtali, nommées plus tard de Galilée ; celui des montagnes d’Éphraïm et celui des montagnes de Juda.

Les montagnes de Galilée sont le prolongement du Liban, si célèbre dans les Livres Saints. Le mont Liban ou « mont Blanc » s’étend au nord de la Palestine, parallèlement à l’Anti-Liban, dont il est séparé par une vallée profonde, connue des anciens sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse. Le plus haut sommet du Liban, le Dhor-el-Khédif, couvert de neiges éternelles, a 3060 mètres. L’Hermon, aujourd’hui Djébel-esch-Scheik, à l’extrémilé méridionale de l’Anti-Liban et également couvert de neiges, n’est guère moins élevé ; il est visible d’une grande partie de la Palestine. — Les dernières ramifications du Liban meurent dans la plaine de Jezraël ou d’Esdrelon, bornée à l’est par la vallée du Jourdain, au sud par les montagnes d’Éphraïm, et à l’ouest par le Carmel et la Méditerranée.

Le Carmel, haut de 600 mètres, forme un promontoire dans la Méditerranée et va se perdre au sud-est, dans le massif central des montagnes d’Éphraïm, appelées depuis montagnes de Samarie. Ces montagnes sont comme la forteresse d’Israël et le cœur du pays. Elles s’étendent depuis la plaine d’Esdrelon jusqu’aux environs de Jérusalem et offrent de loin, du côté de la mer, l’aspect d’un immense mur. Leur altitude est d’environ 700 mètres. Elles se perdent à l’est dans la vallée du Jourdain, et à l’ouest, au sud du Carmel, dans la plaine de Saron, qui se développe sur le rivage de la mer.

Le troisième groupe de montagnes, est celui du sud ; connu sous le nom de Juda, il est formé par de hauts plateaux qui s’élèvent, en allant de Jérusalem vers Hébron, à une hauteur de mille mètres. Ils sont étroitement reliés, au nord, aux montagnes d’Ephraïm ; au sud, ils se perdent dans le désert ; à l’ouest, ils s’abaissent de manière à former la plaine de la Séphéla ou pays bas, qu’habitaient les Philistins ; à l’est, ils finissent à la mer Morte.

A l’est du Jourdain, dans la contrée que du temps de Notre Seigneur on appelait la Pérée, court aussi une chaîne de montagnes calcaires, dépendante de l’Hermon, et séparée de la Palestine strictement dite par le Jourdain. Le point le plus élevé a une altitude de 1200 mètres. Cette région, qui formait le pays de Basan et de Galaad, était très boisée.