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INTRODUCTION.


Cette Lettre de S. Clément est le plus ancien monument que nous ayons de la tradition, et l’un de ceux dont l’authenticité est le mieux établie. On la lisait publiquement dans l’Eglise de Corinthe et dans beaucoup d’autres.

La première Epître aux Corinthiens fut écrite d’Ephèse. On en a la preuve dans l’Epître même où S. Paul dit qu’il restera encore quelque temps chez Aquila et Priscille, établis en cette ville depuis son passage à Corinthe.

On voit, au même endroit, que la Pentecôte approchait et que l’Apôtre songeait à un départ prochain. C’était dans sa dernière mission, l’an 56 probablement. S. Paul était arrivé au milieu de sa carrière apostolique. Il y avait dix ans qu’il prêchait la foi, et quatre ou cinq ans qu’il avait fondé l’Eglise de Corinthe ; mais un grand nombre de disciples, de ceux même qui avaient vu le Sauveur après sa résurrection, étaient encore en vie.

Ce qui lui donna lieu d’écrire cette première Epître, ce fut : — 1o Un rapport épistolaire sur les divisions naissantes, rapport qui lui avait été adressé par la maison chrétienne de Chloé. — 2o Un récit oral que venaient de lui faire Stéphanas et ses coadjuteurs dans le gouvernement de cette église, au sujet d’un scandale et de quelque abus. — 3o Certaines questions de morale et de discipline, dont les Corinthiens lui avaient demandé la solution. — L’Apôtre fait allusion à ces renseignements, et même, ce semble, aux termes dont on s’était servi pour le consulter, en divers endroits de son Epître.

On distingue dans cette Epître deux parties, qui répondent au double dessein qu’avait S. Paul de réformer et d’instruire. — Dans la première, il s’efforce de réformer les abus qui se sont glissés parmi les fidèles de Corinthe. Ces abus sont des divisions, causées par un engoûment irréfléchi pour certains prédicateurs, i-iv, et divers scandales donnés à l’Eglise par des particuliers, v-vi. — Dans la seconde, vii-xv, il répond successivement à cinq questions qu’on lui avait posées : sur le mariage et le célibat, vii ; sur les mets consacrés aux idoles, viii-x ; sur l’ordre qui doit régner dans les assemblées religieuses, xi; sur l’usage des dons surnaturels, xii-xiv ; sur la résurrection, xv.

Comme on le voit, cette Epître diffère beaucoup par son objet et par sa forme de l’Epître aux Romains. Elle ne ressemble en rien à une dissertation ni à un traité dogmatique. C’est une suite d’avis, de réflexions, de solutions, inspirées par les circonstances et réparties en sept articles. Il n’est pas d’écrit qui fasse mieux connaître, soit l’esprit de l’Apôtre, soit la discipline et les mœurs de ces premiers temps. (L. Bacuez.)