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ACTES DES APOTRES.


du même esprit et préoccupé des mêmes pensées. Ce qu’il aime surtout à mettre en relief, c’est la nécessité et le mérite de la foi, l’universalité de la rédemption, la miséricorde de Dieu sur les Gentils, leurs bonnes dispositions qui contrastent avec l’endurcissement des Juifs, les conversions qui s’opèrent parmi eux, la divinité du Sauveur, qu’il appelle habituellement le Seigneur, à l’exemple de l’Apôtre. Le mot grâce, que les autres évangélistes n’emploient jamais, et qui revient si souvent en S. Paul, est répété par S. Luc dix-sept fois dans les Actes et trente fois dans le troisième Evangile. — Son compagnon dans ses courses apostoliques ; car la part qu’il fait à S. Paul dans ses récits, l’abondance et la justesse des détails politiques et topographiques, l’indication d’une foule de circonstances et de personnages sans importance par eux-mêmes, surtout l’harmonie parfaite qui règne entre toutes les indications qu’il fournit et les Epîtres de S. Paul, ne permettent pas de révoquer en doute ce que suppose l’auteur, en se mêlant au récit, qu’il l’a suivi dans une grande partie de ses voyages et qu’il ne fait que rapporter ce qu’il a vu de ses yeux : « Il écrivit l’Evangile d’après ce qu’il avait entendu, dit S. Jérôme, il composa les Actes des Apôtres d’après ce qu’il avait vu. »

4o Il est l’auteur du troisième Evangile. — Il suffit de citer en preuve, après les premiers versets des Actes, la conformité qu’on remarque entre ces deux livres pour les sentiments, les dispositions d’esprit, les tendances, le langage. D’un côté comme de l’autre, on reconnaît l’influence de S. Paul. C’est la même attention à ne rien dire de blessant pour les Gentils, à ménager l’autorité romaine et même à relever ce qui est à son avantage. C’est le même respect pour les cérémonies judaïques, avec la même conviction que l’Evangile est pour tous les peuples et le même soin de rattacher les faits aux actes publics de l’empire. C’est la même insistance sur la nécessité du détachement, la même horreur de l’avarice. Ce sont aussi les mêmes qualités descriptives, la même manière de citer l’Ecriture, les mêmes expressions, les mêmes tournures. Enfin ce sont les mêmes particularités de style, des périphrases fréquentes, souvent identiques ; une trentaine de mots qu’on ne rencontre jamais ou presque jamais dans le Nouveau Testament et qui se montrent également dans l’un et dans l’autre de ces livres ; des locutions semblables ou d’une analogie frappante : le fruit du ventre pour fils, la main de Dieu pour la puissance de Dieu, etc. Pour être fortuites et peu saillantes dans le détail, ces coïncidences ne sont que plus décisives. Mais c’est dans le texte grec qu’il les faut chercher.

5o Enfin, c’est S. Luc lui-même. — Nous savons que S. Luc a composé le troisième Evangile et qu’il était médecin, par conséquent qu’il avait fait quelques études. Or, le livre des Actes témoigne : — 1o Que l’auteur avait l’esprit cultivé. Tout mêlé qu’il est d’hébraïsmes, son grec est plus pur que celui des autres écrivains du Nouveau Testament. — 2o Qu’il distinguait très bien les maladies et les infirmités. Il les caractérise parfaitement et emploie pour les désigner des termes qui lui sont propres et qui appartiennent à la langue médicale de l’époque. — 3o Qu’il a écrit un Evangile, qui ne peut être que le troisième.

On ne saurait exiger des marques d’authenticité plus nombreuses ni plus convaincantes. Réunies aux témoignages de la tradition, elles mettent absolument hors de doute l’origine du livre des Actes.

L’intégrité des Actes est déjà prouvée par ce que nous avons dit de l’unité de la composition ; de plus, elle a une garantie certaine dans le caractère du livre