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point ma gloire ; il est quelqu’un qui la cherchera et qui jugera.

51. En vérité, en vérité, je vous le dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.

52. Mais les Juifs lui dirent : Maintenant nous connaissons qu’il y a un démon en toi. Abraham est mort et les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne goûtera jamais de la mort.

53. Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est mort ? et les prophètes sont morts aussi ? Qui prétends-tu être ?

54. Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu.

55. Et vous ne l’avez pas connu ; mais moi je le connais ; et si je disais que je ne le connais point, je serais semblable à vous, menteur. Mais je le connais, et je garde sa parole.

56. Abraham, votre père, a tressailli pour voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui.

57. Mais les Juifs lui répliquèrent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ?[1]

58. Jésus leur dit : En vérité, en vérité, avant qu’Abraham eût été fait, je suis.[2]

59. Ils prirent donc des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

CHAPITRE 9.


1. Et comme il passait, Jésus vit un homme aveugle de naissance ;

2. Et ses disciples l’interrogèrent : Maître, qui a péché, celui-ci ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?[3]

3. Jésus répondit : Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents, mais c’est pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

4. Il faut que j’opère les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour ; la nuit vient, pendant laquelle personne ne peut agir ;

5. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.

6. Lorsqu’il eut dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, et frotta de cette boue les yeux de l’aveugle,

7. Et il lui dit : Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (ce qu’on interprète par Envoyé). Il s’en alla donc, se lava, et revint voyant clair.[4]

8. De sorte que ses voisins et ceux qui l’avaient vu auparavant mendier, disaient : N’est-ce pas celui-là qui était assis et mendiait ?

  1. Jean 8,57 : Cinquante ans. « Notre-Seigneur était beaucoup plus jeune, mais la cinquantième année était chez les juifs le terme fixé pour l’âge viril, l’âge parfait. C’est comme s’ils avaient dit : Vous n’avez pas encore atteint l’âge parfait, et vous avez vu Abraham ! » (CRAMPON)
  2. Jean 8,58 : Avant qu’Abraham eût été fait. La traduction ordinaire : Avant qu’Abraham fût, est, selon la remarque judicieuse de Bossuet, tout à fait inexacte, puisque l’être d’Abraham et celui de Jésus-Christ n’étaient ni les mêmes en soi ni expliqués par le même mot. Ajoutons que le grec, comme la Vulgate, emploie pour Abraham le verbe être fait, et pour Jésus-Christ, être, exister.
  3. Jean 9,2 : « Beaucoup de Juifs étaient imbus de la fausse opinion que tout mal physique était la peine d’un péché personnel ou des parents (comparer à Exode, 20, 5). Mais comment un aveugle-né pourrait-il avoir mérité de naître ainsi ? Quelques rabbins enseignaient qu’un enfant pouvait pécher dès le sein de sa mère ; d’ailleurs, comme le remarque Denys le Chartreux, les Apôtres pouvaient s’imaginer que l’aveugle avait reçu ce châtiment par anticipation, pour des fautes qu’il devait commettre plus tard, fautes déjà présentes à la préscience divine. » (CRAMPON)
  4. Jean 9,7 : Va à la piscine de Siloé. La fontaine de Siloé est située au pied du mont Ophel, regardant l’est et le village de Siloam qui fait face à Jérusalem, sur le versant septentrional de la vallée de Ben-Hinnom. On descend par un escalier de dix-sept marches sur un palier voûté en ogive et long de 3 m. 50 sur autant de largeur et de hauteur et ayant pour fond le rocher. Un autre escalier de quinze marches taillées dans le roc conduit à la fontaine même. Elle est irrégulièrement intermittente et l’eau en est légèrement saumâtre. Le réservoir est rectangulaire ; il a seize mètres de long environ, sur six mètres de large et six mètres de profondeur. L’eau arrive par un canal creusé dans le roc. Une inscription hébraïque découverte en 1880 et datant vraisemblablement du règne d’Ezéchias nous apprend que le tunnel qui a été percé dans la montagne pour amener l’eau à Siloé fut entrepris par les deux extrémités à la fois. Il fait des zigzags et a 535 mètres de longueur. La source qui alimente la piscine de Siloé en passant par cet aqueduc souterrain est celle qu’on appelle aujourd’hui la Fontaine de la Vierge, la seule source naturelle qui soit proche de Jérusalem, cette ville n’ayant en outre que les citernes recueillant l’eau de pluie et les eaux conduites autrefois à grands frais des vasques de Salomon au sud de Bethléem. La Fontaine de la Vierge est située au fond d’une excavation taillée dans le roc, sur le versant oriental du mont Ophel. On y descend par un escalier de trente marches. La grotte est à environ huit mètres de profondeur. Le bassin a trois mètres et demi de long et un mètre soixante centimètres de large. La source est intermittente ; pendant l’hiver, à la saison des pluies, l’eau coule de trois à cinq fois par jour, à intervalles irréguliers ; pendant l’été elle ne coule que deux fois, et une fois seulement pendant l’automne. On suppose que l’eau provient d’un réservoir naturel caché sous le mont Moriah, au-dessous du temple.