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3. Mais j’ai haï Esaü ; et j’ai fait de ses montagnes une solitude, et j’ai abandonné son héritage aux dragons du désert.[1]

4. Que si l’Idumée dit : Nous avons été détruits, mais revenant nous bâtirons ce qui a été détruit : voici ce que dit le Seigneur des armées : Ceux-ci bâtiront, et moi je détruirai ; et ils seront appelés bornes d’impiété et peuple contre qui le Seigneur s’est irrité jusqu’à jamais.

5. Et vos yeux verront, et vous direz : Que le Seigneur soit magnifié par delà les limites d’Israël.

6. Un fils honore son père et un serviteur son maître ; si donc moi, je suis votre père, où est mon honneur ? et si moi, je suis votre Seigneur, où est la crainte de moi ? dit le Seigneur des armées, à vous, ô prêtres, qui méprisez mon nom, et qui dites : En quoi avons-nous méprisé votre nom ?

7. Vous offrez sur mon autel un pain souillé, et vous dites : En quoi vous avons-nous souillé ? En ce que vous dites : La table du Seigneur est méprisée.[2]

8. Si vous offrez un animal aveugle pour être immolé, n’est-ce pas un mal ? et si vous en offrez un boiteux ou malade, n’est-ce pas un mal ? offre-le à ton gouverneur pour voir s’il lui plaira, ou s’il accueillera ta face, dit le Seigneur des armées.[3]

9. Et maintenant implorez la face du Seigneur, afin qu’il ait pitié de vous (car c’est par votre main que cela a été fait), pour voir si de quelque manière il accueillera vos faces, dit le Seigneur des armées.[4]

10. Qui est celui parmi vous qui ferme les portes de mon temple, et qui allume le feu sur mon autel gratuitement ? mon affection n’est pas en vous, dit le Seigneur des armées, et je ne recevrai pas de présent de votre main.[5]

    l’un et des mauvaises inclinations de l’autre. Saint Paul (voir Romains, 9, vv. 11, 13), et après lui saint Augustin et la plupart des écrivains ecclésiastiques ont enseigné que ces deux frères étaient la figure des élus et des réprouvés.

  1. Ml. 1,3 : Une solitude. Outre que l’Idumée était stérile d’elle-même, elle avait été ravagée par l’armée de Nabuchodonosor, cinq ans après la prise de Jérusalem (voir Isaïe, chapitre 21 et suivants (?); Jérémie, 49, verset 7 et suivants ; Ezéchiel, 25, 13 ; 35, 3 ; Amos, 1, 11-12).À l’époque où prophétisait Malachie, les Nabatéens s’étaient emparés de l’Idumée et en avaient chassé pour toujours les anciens habitants. ― Aux dragons du désert ; d’après l’original, aux chacals.
  2. Ml. 1,7 : Pain. Par ce mot, les Hébreux entendaient toutes sortes d’aliments.
  3. Ml. 1,8 : Si vous offrez, etc. Dieu voulait que toutes les victimes qu’on lui offrait fussent sans défaut (voir Lévitique, 22, 21-22 ; Deutéronome, 15, 21). ― S’il accueillera ta face ; hébraïsme, pour, s’il te recevra favorablement.
  4. Ml. 1,9 : Cela, c’est-à-dire, les abus, les désordres, signalés dans les versets précédents. ― Il accueillera vos faces. Voir le verset 8.
  5. Ml. 1,10-11 : Il y a dans ces versets deux points qui ne sauraient être exprimés d’une manière plus précise et plus explicite : le premier, l’abolition des sacrifices et des cérémonies de l’ancienne loi ; le second, un sacrifice entièrement pur, offert au Seigneur en tout lieu, et au milieu des nations. On a prétendu que les paroles du Prophète devaient s’entendre du temps où il les prononça, puisque les verbes sont au présent et non au futur. Mais d’abord il y a un verbe au futur et au verset 10, savoir, je recevrai (suscipiam). En second lieu, saint Jérôme, lui-même, tout en traduisant par le présent, a vu dans ce passage, avec les autres Pères de l’Eglise, une vraie prophétie, annonçant