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11. Et ils lui dirent : Que te ferons-nous, afin que la mer se calme pour nous ? parce que la mer allait en grossissant[1]

12. Et il leur dit : Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera pour vous, car je sais, moi, que c’est à cause de moi que cette grande tempête est venue sur vous.

13. Et les hommes ramaient afin de revenir vers la terre, et ils ne le pouvaient ; car la mer allait en grossissant au-dessus d’eux.

14. Et ils crièrent au Seigneur, et ils dirent : Nous vous prions, Seigneur, de ne pas nous faire périra cause de l’âme de cet homme, et ne faites pas retomber sur nous un sang innocent, parce que vous, Seigneur, comme vous avez voulu, vous avez fait.[2]

15. Et ils prirent Jonas, et ils le jetèrent dans la mer, et la mer apaisa sa furie.

16. Les hommes craignirent d’une grande crainte le Seigneur, et ils immolèrent des hosties au Seigneur, et ils vouèrent des vœux

CHAPITRE 2.


1. Et le Seigneur prépara un grand poisson, afin qu’il engloutît Jonas ; et Jonas fut dans le ventre du poisson pendant trois jours et trois nuits.[3]

2. Et Jonas pria le Seigneur son Dieu du ventre du poisson.

3. Et il dit : [J’ai crié vers le Seigneur du milieu de ma tribulation, et il m’a exaucé ; du sein de l’enfer j’ai crié, et vous avez entendu ma voix.[4]

  1. Jon. 1,11 : Allait en grossissant ; littéralement et par hébraïsme, allait et grossissait.
  2. Jon. 1,14 : De l’âme ; c’est-à-dire, de la personne.
  3. Jon. 2,1 : Voir Matthieu, 16, 4 ; Luc, 11, 30 ; 1 Corinthiens, 15, 4. ― Jonas dans le ventre du poisson ; est une figure de Jésus-Christ dans le tombeau. Comparer à Matthieu, 12, 40. Nous ignorons à quelle espèce appartenait le poisson qui engloutit Jonas. On dit vulgairement que c’était une baleine ; mais outre qu’elle est très rare dans la Méditerranée, elle a la gueule trop étroite pour avaler un homme entier. Le texte sacré ne détermine rien ; il dit simplement « un grand poisson. » Il est vraisemblable que c’était une espèce de requin très vorace, squalus carcharis Linnæi ; il abonde dans la Méditerranée et dévore avidement tout ce qu’il peut saisir ; on a retrouvé un cheval dans le ventre d’un de ces poissons, pesant cent quintaux (kilos ?) et pêché à l’île Saint-Marguerite, en France ; dans celui d’un autre, un homme avec son armure. Un fait encore plus intéressant, c’est celui qui est raconté de la manière suivante : « Il arriva en 1758 que, pendant une tempête, un matelot tomba d’une frégate dans la mer. [Un requin], qui était tout près, saisit aussitôt le malheureux qui nageait et criait au secours, et la victime disparut sur-le-champ dans sa large gueule. Tandis qu’il nageait, quelques-uns de ses camarades s’étaient déjà jetés dans la chaloupe pour lui porter secours. Au moment même où il était dévoré, le capitaine du vaisseau, témoin de l’accident, eut assez de présence d’esprit pour ordonner de tirer sur le monstre avec un fusil qui était sur le pont. Le coup fut tiré avec tant de bonheur que le requin cracha aussitôt le matelot qu’il avait dans sa gueule ; sa proie n’était que légèrement blessée et elle fut repêchée aussitôt, encore vivante, par la chaloupe ; le poisson lui-même fut pris par les autres marins avec des harpons et des cordes, monté sur la frégate, et là suspendu en travers pour qu’il pût sécher. Le capitaine en fit ensuite don au matelot si extraordinairement préservé par la Providence et celui-ci se mit à parcourir l’Europe pour le montrer. » (L. L. MULLER.)
  4. Jon. 2,3 : Voir Psaumes, 119, 1.