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CHAPITRE 8.


1. Voici ce que m’a montré le Seigneur Dieu ; or voici un crochet pour abattre des fruits.[1]

2. Et il dit : Que vois-tu, Amos ? Et je dis : Un crochet pour abattre des fruits. Et le Seigneur me dit : Elle est venue, la fin pour mon peuple d’Israël ; je ne le traverserai plus à l’avenir.[2]

3. Et les gonds du temple retentiront en ce jour-là, dit le Seigneur Dieu ; beaucoup mourront ; en tout lieu régnera le silence.[3]

4. Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre, et qui faites défaillir les indigents de la terre,

5. Disant : Quand sera passé le mois, alors nous vendrons nos marchandises ; et quand sera passé le Sabbat, alors nous ouvrirons nos greniers de blé, afin que nous diminuions la mesure, et que nous augmentions le sicle, et que nous substituions des balances trompeuses,[4]

6. Afin d’avoir en notre possession, pour de l’argent, des indigents et des pauvres, pour des chaussures, et que nous vendions le rebut du blé.

7. Le Seigneur a juré contre l’orgueil de Jacob : Si j’oublierai jamais aucune de leurs œuvres.[5]

8. Est-ce que sur cela la terre ne sera pas ébranlée, et que tous ses habitants ne seront pas dans le deuil ? et que tous entièrement ne monteront pas comme le fleuve, et qu’ils ne seront pas chassés, et qu’ils ne s’écouleront pas comme le fleuve d’Egypte ?[6]

  1. Am. 8,1 : M’a montré, et or voici, etc. Voir Amos, 7, 1. ― Un crochet ; dans l’orignal : une corbeille de fruits.
  2. Am. 8,2 : Je ne le traverserai plus ; littéralement, je n’ajouterai pas à le traverser (non adjiciam ut pertranseam eum) ; je le délaisserai, je l’abandonnerai à lui-même. Voir sur cet hébraïsme le 2o à la fin des Observations préliminaires des Psaumes. L’hébreu porte à la lettre : Je n’ajouterai pas à passer à lui ; à me déclarer pour lui, à le défendre contre ses ennemis ; ce qui revient à notre explication de la Vulgate. Cependant on interprète généralement ainsi ce passage : je ne le laisserai pas plus longtemps impuni, je ne dissimulerai pas ses fautes.
  3. Am. 8,3 : Du temple érigé à Béthel, en l’honneur du veau d’or.
  4. Am. 8,5 : Le mois ; ou bien, le premier jour du mois ; la néoménie, selon saint Jérôme, Théodoret, etc. D’ailleurs le mot hébreu signifie l’un et l’autre. Quoique la loi n’ordonnât le repos que pour la néoménie du septième mois, on l’observait communément dans Israël pour toutes les autres. ― Alors (et). Voir sur ce mot, Osée, 11, 1. Les marchands animés par la soif du gain se plaignaient de ce que les fêtes les empêchaient de faire leur trafic ordinaire. ― Le sabbat ; signifie probablement ici, comme dans bien d’autres passages, l’année sabbatique, pendant laquelle il n’était pas permis de faire aucune récolte, ni de cultiver la terre. ― Afin que, etc. Ces marchands avares mesuraient ce qu’ils livraient avec de petites mesures, et en recevaient le prix au plus haut poids qu’ils pouvaient, l’argent monnayé n’étant pas encore en usage. Or l’inégalité des poids et des mesures était défendue par la loi mosaïque (voir Deutéronome, 25, 13-14), et le Sage dit que c’est une abomination aux yeux du Seigneur (voir Proverbes, 20, vv. 10, 23).
  5. Am. 8,7 : Si j’oublierai ; pour que je n’oublierai pas. Voir, sur les formules de serment chez les hébreux, Psaumes, note 94.11.
  6. Am. 8,8 : Tous entièrement (universus) ; c’est-à-dire tous les habitants. ― Monteront, etc. ; iront en captivité dans le vaste royaume d’Assyrie, comme le fleuve du Nil s’élève au-dessus de ses bords, et se dissipe après ses débordements. Tout ce que la Vulgate dit ici des habitants de la terre d’Israël, le texte hébreu le rapporte à la terre elle-même ; ce que fait aussi la Vulgate dans une phrase parallèle, voir Amos, 9, 5.