Page:La sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, avec des notes par J.-B. Glaire. Nouvelle édition avec introductions, notes complémentaires et appendices par F. Vigouroux (1905).djvu/2101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[ch. i.]
2069
AMOS.

CHAPITRE PREMIER.

Mission d’Amos. Vengeances du Seigneur contre Damas, contre les Philistins, contre les Tyriens, contre les Iduméens, contre les Ammonites.

1. Paroles d’Amos, qui fut un des pasteurs de Thécué, paroles relatives aux choses qu’il a vues touchant Israël, au temps d’Ozias, roi de Juda, et de Jéroboam, fils de Joas, roi d’Israël, deux ans avant le tremblement de terre.[1]

2. Et il dit : Le Seigneur rugira de Sion, et de Jérusalem il fera entendre sa voix ; et les beaux pâturages des pasteurs ont été dans le deuil, et la cîme du Carmel a été desséchée.[2][3]

3. Voici ce que dit le Seigneur : à cause des trois et même des quatre crimes de Damas, je ne le convertirai pas ; parce qu’ils ont écrasé Galaad sous des chariots armés de fer,[4]

4. Et j’enverrai un feu dans la maison d’Azaël, et il dévorera les maisons de Bénadad.[5]

  1. Am. 1,1 : Paroles, etc. Nous n’avons pas cru devoir nous écarter de la traduction ordinaire, surtout en l’expliquant comme l’a fait Scio, dans sa version espagnole. Cependant notre conviction particulière est que le terme hébreu signifie ici, non paroles, mais choses, faits, événements, comme l’a rendu la Vulgate elle-même dans bien d’autres passages. Ce sens d’ailleurs cadre beaucoup mieux avec qu’il a vues (quæ vidit). ― Le tremblement de terre ; dont parle le prophète était très connu des Juifs ; c’est pourquoi dans son texte il ajoute au mot l’article déterminatif. Zacharie aussi parle de ce tremblement de terre (voir Zacharie, 14, 5). Suivant l’historien Josèphe, il eut lieu lorsque Ozias chercha à s’arroger les fonctions du sacerdoce (voir 4 Rois, 15, 5 ; 2 Paralipomènes, 26, verset 18 et suivants). ― * Thécué était une ville chananéenne qui fut prise par les Hébreux à leur entrée dans la Terre Promise, voir Josué, 15, 60, (?) et restaurée ensuite par Caleb, voir 1 Paralipomènes, 2, 24. Elle était située à l’ouest de la mer Morte, dans la tribu de Juda, au milieu du désert de Judée. La partie du désert qui l’environne s’appelle désert de Thécué, voir 1 Machabées, 9, 33. Depuis le xive siècle, Thécué est abandonnée et complètement détruite. Ses ruines occupent un emplacement considérable. On y compte six cent citernes.
  2. Am. 1,2-15 : * Chapitres 1 et 2. La première partie est une introduction contenant des oracles contre les Syriens, chapitre 1, versets 3 à 5 ; les Philistins, versets 6 à 8 ; les Phéniciens, versets 9 et 10 ; les Iduméens, versets 11 et 12 ; les Ammonites, versets 13 à 15 ; les Moabites, chapitre 2, versets 1 à 3 ; Juda, versets 4 et 5 ; et Israël, versets 6 à 16. Elle prend pour point de départ la parole de Joël, 3, 16 : Le Seigneur rugira de Sion, et de Jérusalem il fera entendre sa voix. Chacune des huit prédictions comminatoires d’Amos est énoncée d’une manière analogue. Elles commencent toutes par les mots : Voici ce que dit le Seigneur, qui sont suivis de ceux-ci : À cause des trois et même des quatre crimes (vérifier concordance), etc. Avant de s’élever directement contre Israël, Amos se plaint de la malice des tribus voisines ; il excite l’indignation de ceux à qui il s’adresse en leur montrant le péché en autrui, et il arrive enfin à son sujet pour ne plus le quitter.
  3. Am. 1,2 : Voir Jérémie, 25, 30 ; Joël, 3, 16. ― Carmel se prenant quelquefois pour un lieu très fertile en général, la cime du Carmel pourrait signifier les lieux les plus fertiles.
  4. Am. 1,3 : Trois et même quatre. Cette expression, répétée plusieurs fois dans ce chapitre et le suivant, est mise, selon tous les interprètes en général, pour un nombre indéfini, tel que beaucoup, une multitude. ― Je ne le convertirai pas (non convertam eum) ; traduction littérale de l’hébreu ; c’est-à-dire, je ne le changerai pas, je permettrai qu’il persévère dans ses crimes. On interprète assez généralement ces paroles par : Je ne retiendrai pas ma parole, je ne révoquerai pas ma sentence, je ne détournerai pas ma menace ; mais, il faut en convenir, cette interprétation s’éloigne du texte, bien que le fond de l’idée s’en rapproche.
  5. Am. 1,4 : Azaël ou Hazaël, roi de Damas. ― Bénadad était son fils. Comparer à 4 Rois, 10, 32-33 ; 13, vv. 3-4, 7, 22.