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9. Au péril de nos âmes, nous allions nous chercher du pain à la face du glaive du désert.[1]

10. Notre peau, comme un four, a été brûlée par les ardeurs de la faim.[2]

11. Ils ont humilié des femmes dans Sion, et des vierges dans les cités de Juda,

12. Des princes ont été pendus par la main ; on n’a pas révéré la face des vieillards.[3]

13. Ils ont indignement abusé des jeunes hommes ; et des enfants ont succombé sous le bois.[4]

14. Des vieillards ont abandonné les portes, et de jeunes hommes, le chœur des joueurs de psaltérion.[5]

15. La joie de notre âme a fait défaut ; notre chœur a été changé en deuil.

16. Elle est tombée, la couronne de notre tête ; malheur à nous, parce que nous avons péché ![6]

17. À cause de cela, notre cœur est devenu triste ; pour cela, nos yeux se sont couverts de ténèbres.

18. À cause de la montagne de Sion, qui a été détruite, les renards s’y sont promenés.[7]

19. Mais vous, Seigneur, vous demeurerez éternellement ; votre trône subsistera dans toutes les générations.[8]

20. Pourquoi nous oublierez-vous à jamais ? Pourquoi nous abandonnerez-vous dans la longueur des jours ?[9]

21. Convertissez-nous à vous, et nous serons convertis ; Seigneur, renouvelez nos jours comme au commencement.[10]

22. Mais nous rejetant, vous nous avez repoussés ; vous êtes extrêmement irrité contre nous.[11]

    selon d’autres, les Iduméens, les Moabites et les Ammonites, peuples autrefois soumis aux Juifs ; enfin, suivant d’autres, ce sont les esclaves mêmes des Chaldéens, parce que c’était la coutume dans les maisons où il y avait un certain nombre d’esclaves, que l’un d’eux commandât aux autres.

  1. Lm. 5,9 : Nos âmes ; hébraïsme pour nos personnes, nous. ― Pain. Voir le verset 6. ― Désert ; s’applique aussi dans le langage biblique aux plaines, aux campagnes. Au lieu de dans le désert, l’hébreu porte du désert, comme régime du mot glaive (gladii). Le sens de ce verset paraît donc être : Nous courions risque d’être tués, si nous allions chercher dans les campagnes désertes des fruits ou des herbes sauvages pour nous sustenter, parce que le pays était rempli d’ennemis et de pillards.
  2. Lm. 5,10 : Les ardeurs de la faim ; c’est le sens de l’hébreu. Les Arabes disent aussi le feu de la faim, les Grecs, une faim brûlante, les Latins : une faim ignée (ignea fames) ; la Vulgate a traduit comme les Septante, tempêtes de la faim.
  3. Lm. 5,12 : Des princes, etc. Les Chaldéens, après avoir décapité les princes de Juda, les pendaient par les mains à des poteaux.
  4. Lm. 5,13 : Sous le bois dont on les chargeait, ou avec lequel on les frappait.
  5. Lm. 5,14 : Les portes de la ville, où se tenaient les assemblées des juges.
  6. Lm. 5,16 : La couronne, etc. Dans les fêtes, les noces et les festins, on se couronnait de fleurs.
  7. Lm. 5,18 : Les renards ; proprement les chacals.
  8. Lm. 5,19 : Toutes les générations ; littéralement et par hébraïsme, génération et génération.
  9. Lm. 5,20 : Dans la longueur ; c’est-à-dire pour si longtemps.
  10. Lm. 5,21 : Comme au commencement ; comme ils étaient au commencement, au temps de notre ancienne prospérité.
  11. Lm. 5,22 : Nous rejetant, vous nous avez repoussés ; hébraïsme, pour vous nous avez entièrement rejetés.