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3. Et vous, Seigneur, vous m’avez connu, vous m’avez vu et vous avez éprouvé que mon cœur est avec vous ; assemblez-les comme un troupeau destiné au sacrifice, et consacrez-les pour le jour de la tuerie.[1]

4. Jusques à quand la terre pleurera-t-elle, et l’herbe de toute la contrée sera-t-elle desséchée, à cause de la méchanceté de ceux qui l’habitent ? le quadrupède et le volatile ont été consumés, parce que ces hommes ont dit : Dieu ne verra pas nos derniers moments.

5. Si en courant avec les piétons, tu t’es fatigué, comment pourras-tu le disputer de vitesse aux chevaux ? mais si dans une terre de paix tu étais en sûreté, que feras-tu au milieu de l’orgueil du Jourdain ?[2]

6. Car tes frères et la maison de ton père, eux aussi ont combattu contre toi, et ont crié derrière toi à pleine voix ; ne les crois pas, lorsqu’ils te donneront de bonnes paroles.

7. J’ai laissé ma maison ; j’ai abandonné mon héritage ; j’ai livré mon âme chérie aux mains de ses ennemis.[3]

8. Mon héritage est devenu pour moi comme un lion dans la forêt ; il a élevé sa voix contre moi ; c’est pour cela que je l’ai haï.

9. Est-ce que mon héritage n’est pas pour moi un oiseau de diverses couleurs ? n’est-ce pas un oiseau entièrement coloré ? venez, assemblez-vous, vous toutes, bêtes de la terre ; hâtez-vous pour dévorer.[4]

10. Des pasteurs nombreux ont ravagé ma vigne, ils ont foulé aux pieds mon partage ; ils ont fait de mon partage précieux un désert solitaire.

11. Ils l’ont livré à la dévastation, et il a pleuré sur moi ; par la désolation a été désolée toute la terre, parce qu’il n’est personne qui réfléchisse en son cœur.[5]

  1. Jr. 12,3 : Consacrez-les, etc. ; c’est-à-dire séparez-les, mettez-les de côté comme une chose sainte et destinée à être la matière du sacrifice. Ainsi le sens est : Regardez-les dès ce moment comme des victimes destinées au sacrifice.
  2. Jr. 12,5 : Si en courant, etc. C’est probablement une locution proverbiale et parabolique, qui veut dire ici : Les Philistins, les Iduméens, les Ammonites et les Moabites, qui n’avaient que de l’infanterie, t’ont souvent battu, sans que tu aies pu leur résister, comment résisteras-tu aux Chaldéens qui ont une puissante cavalerie et de nombreux chariots ? ― L’orgueil du Jourdain (superbia Jordanis) ; le regonflement du Jourdain, selon les uns, ou, selon les autres, la gloire du Jourdain, c’est-à-dire son rivage couvert de verdure, ombragé par des saules, des tamarisques, etc., au milieu desquels habitaient les bêtes sauvages (voir Jérémie, 49, 19 ; 50, 44 ; Zacharie, 11, 3). Ainsi le Seigneur répond au Prophète : Tu te croyais en sûreté dans ton pays qui devait être pour toi une terre de paix ; que deviendras-tu, lorsque l’armée, grossie des troupes qui t’environnent, semblable au Jourdain débordé, viendra inonder la Judée ? ou bien, lorsque tu te trouveras sur les bords du Jourdain exposé aux bêtes sauvages.
  3. Jr. 12,7 : Ma maison ; mon temple. ― Mon héritage ; mon peuple. ― Mon âme chérie ; Jérusalem, qui m’était chère comme mon âme.
  4. Jr. 12,9 : Un oiseau de diverses couleurs. On ignore de quel oiseau parle le Prophète. Le sens est que le peuple d’Israël est devenu pour tous un sujet de mépris et de persécution, comme un oiseau dépaysé au milieu d’autres oiseaux, qui le distinguent à cause de la différence de sa couleur et le pourchassent.
  5. Jr. 12,11 : Par la désolation a été désolée ; hébraïsme, pour a été entièrement désolée.