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la guerre, et l’ont assiégée, et ont prévalu contre elle.[1]

8. Et comme celui qui a faim songe qu’il mange, mais lorsqu’il est réveillé, son âme se trouve vide ; et comme celui qui a soif songe qu’il boit, mais après qu’il est réveillé, il est las et a encore soif, et son âme est vide ; ainsi sera la multitude de toutes ces nations qui ont combattu contre la montagne de Sion.[2]

9. Soyez frappés de stupeur et admirez, soyez flottants et vacillants ; enivrez-vous, mais non de vin ; chancelez, mais non par l’ivresse.

10. Parce que le Seigneur a répandu sur vous un esprit d’assoupissement, il fermera vos yeux ; vos prophètes et vos princes qui voient des visions, il mettra sur eux un voile.[3]

11. Et la vision d’eux tous sera pour vous comme le livre scellé ; lorsqu’on le donnera à un homme qui sait lire, on dit : Lis ce livre ; et il répondra : Je ne puis, car il est scellé.[4]

12. Et on donnera le livre à un homme qui ne sait pas lire, et on lui dira : Lis ; et il répondra : Je ne sais pas lire.

13. Et a dit le Seigneur : Parce que ce peuple s’approche de moi par sa bouche, et me glorifie par ses lèvres, mais que son cœur est loin de moi, et qu’ils m’ont craint par le commandement et les enseignements des hommes :[5]

14. C’est pour cela, voici que moi j’exciterai encore l’admiration de ce peuple par un miracle grand et étonnant ; car la sagesse périra du milieu des sages, et l’intelligence des prudents sera obscurcie.[6]

15. Malheur à vous qui êtes impénétrables de cœur, afin que vous cachiez au Seigneur un dessein ; leurs œuvres sont dans les ténèbres, et ils disent : Qui nous voit, et qui nous connaît ?[7]

16. Elle est perverse, cette pensée que vous avez ; comme si l’argile se révoltait contre le potier, et lui disait : Tu ne m’as pas fait ; et comme si l’œuvre disait à celui qui l’

  1. Is. 29,7 : Ariel. Voir le verset 1.
  2. Is. 29,8 : Songe qu’il mange ; littéralement et par hébraïsme, songe et il mange. ― Ame ; mot qui, comme nous l’avons déjà remarqué, signifie en hébreu, aussi bien qu’en arabe, la personne, l’individu lui-même.
  3. Is. 29,10 : Le Seigneur a répandu, etc. Saint Paul fait allusion à ce passage dans Romains, 11, 8.
  4. Is. 29,11 : Le livre scellé. Les livres avaient la forme de rouleaux ; on les pliait et, si l’on ne voulait pas qu’ils fussent ouverts, on plaçait un sceau sur le rouleau de manière qu’on ne pût le dérouler sans rompre le sceau. Ils n’étaient ordinairement écrits qu’à l’intérieur.
  5. Is. 29,13 : Ce peuple, etc. Jésus-Christ déclare aux Juifs incrédules que c’était d’eux qu’Isaïe prophétisait dans ce passage (voir Matthieu, 15, 8-9 ; Marc, 7, 6-7). ― Ils m’ont craint, etc. ; c’est-à-dire ils m’ont adoré, ils m’ont rendu un culte fondé, non sur ma loi et sur mes préceptes, mais sur des traditions purement humaines. Le pluriel ils représente le mot peuple, qui est un nom collectif.
  6. Is. 29,14 : Voir Abdias, 1, 8. ― Car la sagesse, etc. Saint Paul applique ceci à la fausse sagesse des hommes, confondue par la prédication de la croix, qui est un scandale aux yeux des Juifs, et une folie aux yeux des gentils (voir 1 Corinthiens, 1, 18-19).
  7. Is. 29,15 : Voir Ecclésiastique, 23, 26. ― Malheur à vous qui, etc. Ces paroles s’adressent aux impies dont il est question plus haut (voir Isaïe, 28, 15). ― Un dessein ; probablement celui de recourir, en cas de besoin, au secours de l’Egypte. Comparer à ce qui est dit à Isaïe, 30, verset 1 suivants.