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CHAPITRE 20.


1. En l’année que Tharthan entra dans Azot, lorsque Sargon roi des Assyriens l’eut envoyé, et qu’il eut combattu Azot, et l’eut prise ;[1][2]

2. En ce temps-là, le Seigneur parla par la main d’Isaïe, fils d’Amos, disant : Va, ôte ton sac de tes reins, ôte ta chaussure de tes pieds. Et il fit ainsi, allant nu et déchaussé.[3]

3. Et le Seigneur dit : Comme a marché mon serviteur Isaïe, nu et déchaussé, et comme il sera

    mains, et Israël mon partage. Plusieurs considèrent l’Assyrien et Israël comme sujets de l’attribut béni soit ; mais le latin Assyrio, n’étant pas au nominatif, s’oppose formellement à cette interprétation aussi bien qu’à la précédente. De plus, l’expression mais mon héritage, Israël (hæreditas autem Israel) forme une nouvelle difficulté. Toutefois, il faut le reconnaître, l’hébreu est susceptible de ces deux explications ; la dernière est la seule conforme aux Septante.

  1. Is. 20,1-6 : Seconde prophétie contre l’Egypte. Isaïe, sous les habits d’un captif, c’est-à-dire déchaussé et sans son vêtement de dessus, prédit le sort réservé aux Egyptiens et aux Ethiopiens. Nous avons donc ici une prophétie symbolique. L’Egypte et l’Ethiopie sont unies ensemble dans cet oracle, parce que c’était une dynastie d’origine éthiopienne qui régnait alors en Egypte. Les rois d’Assyrie accompliront ces oracles. Assaraddon, dans l’expédition qu’il fit en Egypte en 674, s’empara de Memphis et de Thèbes, de la femme du Pharaon Tharaka, d’un grand nombre de ses parents et de ses officiers. Le fils d’Assaraddon, Assurbanipal, entreprit plusieurs campagnes contre l’Egypte, en personne ou par ses généraux. Pendant la guerre qu’il fit contre le roi d’Ethiopie, Urdaman, qui était devenu maître de la vallée du Nil, le roi de Ninive livra la ville de Thèbes au pillage et y fit captifs une multitude d’Egyptiens, hommes et femmes.
  2. Is. 20,1 : Tharthan. Voir 4 Rois, 18, 17. ― Azot ; une des cinq principales villes des Philistins. ― Tharthan n’est pas un nom propre, mais un titre de dignité équivalant à général ou chef d’armée. ― Sargon, roi des Assyriens, fut le fondateur de la dernière dynastie qui régna à Ninive. Il succéda à Salmanasar en 722 ou 721 et acheva le siège de Samarie, dont la chute entraîna la ruine complète du royaume d’Israël. En 720, il avait battu le roi d’Egypte et d’Ethiopie, Schabak, qui arrivait trop tard au secours des Israélites, mais qui voulait du moins sauver Hannon, roi de Gaza, son allié. L’armée assyrienne défit les armées égyptienne et philistine à Raphia, à l’entrée du désert. Schabak fut probablement obligé de se reconnaître tributaire de Sargon. À sa mort, en 712, il eut pour successeur sur le trône d’Egypte son fils Schabatok, et sur celui d’Ethiopie, Tahrakya, qui paraît avoir été son neveu. C’est en 711 qu’eut lieu la campagne contre Azot, mentionnée par Isaïe. Les Philistins avaient secoué le joug de l’Assyrie. Sargon, après la bataille de Raphia, avait déposé le roi d’Azot, Azuri, et mis à sa place le frère de ce dernier, Akhimit. Mais quand le roi de Ninive se fut éloigné, le parti égyptien, qui était le plus fort, renversa Akhimit et donna le pouvoir à Yavan. Les autres peuples voisins de la Palestine et Juda lui-même avaient pris part à ces mouvements, comme nous l’apprennent les inscriptions de Sargon. La campagne dont parle Isaïe avait pour but de châtier cette rébellion, faite vraisemblablement avec l’appui de l’Egypte. Après la prise d’Azot, Schabatok s’empressa d’envoyer une ambassade aux Assyriens pour reconnaître leur suprématie. Sargon mourut six ans après, en 705, laissant le royaume d’Assyrie à son fils Sennachérib.
  3. Is. 20,2 : Par la main ; hébraïsme, pour par le moyen, par l’intermédiaire. ― Nu ; non pas d’une nudité complète, mais comme le dit formellement le texte, seulement dépouillé du sac (vêtement de dessus) que l’on portait dans le deuil, et de sa chaussure. Chez les Grecs et les Latins eux-mêmes, le mot nu signifiait souvent vêtu à la légère, ou n’ayant pas de manteau.