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[ch. i.]
ISAÏE.

guissante, et tout cœur abattu.

6. De la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, rien en lui de sain ; c’est blessure, meurtrissure, plaie enflammée, qui n’a été ni bandée, ni pansée, ni adoucie par l’huile.[1]

7. Votre terre est déserte, vos cités brûlées par le feu ; votre pays, devant vous, des étrangers le dévorent, et il sera désolé comme dans une dévastation de l’ennemi.[2]

8. Et la fille de Sion sera laissée comme un berceau dans une vigne, comme une cabane dans un champ de concombres, comme une cité qui est livrée au pillage.[3]

9. Si le Seigneur des armées ne nous avait réservé un rejeton, nous aurions été comme Sodome. Nous serions devenus semblables à Gomorrhe.[4]

10. Écoutez la parole du Seigneur, princes de Sodome ; prêtez l’oreille à la loi de notre Dieu, peuple de Gomorrhe.

11. Qu’ai-je à faire de la multitude de vos victimes ? dit le Seigneur. Je suis rassasié ; les holocaustes des béliers, et la graisse des animaux gras, et le sang des veaux et des agneaux et des boucs, je n’en veux point.[5]

12. Lorsque vous êtes venus en ma présence, qui a demandé ces choses de vos mains, afin que vous vous promeniez dans mes parvis ?

13. Ne m’offrez plus de sacrifice en vain ; l’encens m’est en abomination. Ma néoménie, le sabbat et les autres fêtes, je ne les souffrirai point ; vos assemblées sont iniques.

14. Vos calendes, et vos solennités, mon âme les hait : elles me sont devenues à charge ; j’ai peine à les souffrir.[6]

15. Et lorsque vous étendrez vos mains, je détournerai mes yeux de vous ; lorsque vous multiplierez la prière, je n’exaucerai pas ; car vos mains sont pleines de sang.[7]

16. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez le mal de vos pensées de devant mes yeux ; cessez d’agir avec perversité ;[8]

17. Apprenez à bien faire, cherchez la justice, venez au secours de l’opprimé, jugez l’orphelin, défendez la veuve.

18. Et venez, et accusez-moi,[9]

  1. Is. 1,6 : * Ni adoucie par l’huile. L’huile était le remède employé ordinairement pour guérir les plaies. Voir Luc, 10, 34.
  2. Is. 1,7 : Voir Isaïe, 5, 6. ― * Des étrangers ; des ennemis, probablement les Syriens, les Philistins et les Iduméens unis aux dix tribus schismatiques. Voir 4 Rois, 16, 5.
  3. Is. 1,8 : La fille de Sion ; c’est-à-dire Jérusalem. Les Orientaux appellent filles les capitales et les villes d’un pays.
  4. Is. 1,9 : Voir Genèse, 19, 24. ― Si le Seigneur, etc. Saint Paul rappelle ce texte en parlant des restes fidèles d’entre les Juifs que Dieu réserva par grâce au temps de l’Évangile, tandis que la multitude demeura dans l’incrédulité, et attira sur elle la colère du Seigneur (voir Romains, 9, 29). ― * Comme Sodome. Voir Genèse, note 13.10.
  5. Is. 1,11 : Voir Jérémie, 6, 20 ; Amos, 5, 22.
  6. Is. 1,14 : * Vos calendes, le sacrifice du commencement du mois.
  7. Is. 1,15 : Voir Isaïe, 59, 3. ― * Lorsque vous étendrez vos mains. On étendait les mains pour prier.
  8. Is. 1,16 : Voir 2 Pierre, 3, 11.
  9. Is. 1,18 : Les Hébreux considéraient le rouge foncé, ainsi que le noir et la nuit, comme le symbole du mal et du péché, tandis que le blanc, le jour et la lumière étaient les emblèmes du bien et du beau.