grand prêtre juif, Simon, fils d’Onias, i, 1-21, sous lequel il a vécu, et qu’il
avait vu officier dans le temple ; mais comme le même nom a été porté par
deux pontifes différents, tous deux fils d’Onias : Simon I, dit le Juste, qui vivait
du temps de Ptolémée, fils de Lagus, vers 290 av. J.-C., et Simon II, qui était
grand prêtre quand Ptolémée IV Philopator voulut entrer de vive force dans le
temple de Jérusalem, les critiques se partagent : les uns font Jésus contemporain
du Simon le plus ancien, les autres du plus récent. Le prologue du
traducteur fournit une autre donnée chronologique : il nous dit qu’il alla lui-même
en Egypte sous le règne de Ptolémée Évergète. Par malheur, il y a aussi
deux rois qui ont porté ce surnom ; l’un, Ptolémée III, fils et successeur de
Ptolémée II Philadelphe, 247-222 ; l’autre, Ptolémée VII, dit aussi Physcon,
frère de Ptolémée Philométor, 170-117 ; de sorte qu’il est également difficile de
décider quel est le roi d’Égypte dont parle le petit-fils de l’auteur de l’Ecclésiastique.
— L’opinion la plus communément reçue place la composition de
l’ouvrage vers 280, la traduction vers 230[1] ; elle fait vivre Jésus ben Sirach
du temps de Simon I, et son petit-fils sous Ptolémée III Évergète I. Quoique
elle ne soit pas à l’abri de toute difficulté, elle est cependant la plus vraisemblable.
— 1o L’éloge du chapitre l ne peut se rapporter qu’à Simon I, dit le
Juste ; le contemporain de l’auteur est représenté, en effet, comme un pontife
très remarquable, ce qui ne saurait convenir à Simon II, dont l’histoire ne dit
aucun bien. — 2o Le grand prêtre de l’Ecclésiastique est qualifié de libérateur
de son peuple, i, 4, ce qui peut s’appliquer à Simon I, mais non à Simon II, sous le pontificat duquel ni le peuple ni le temple n’avaient besoin de protecteur
spécial. — 3o Du temps de Simon II, les idées païennes, contre lesquelles
s’élevèrent les Machabées, avaient déjà fait de grands progrès ; elles étaient
propagées par les fils de Tobie ; comme elles étaient en horreur aux Juifs
fidèles, on ne s’expliquerait point que, si l’auteur de l’Ecclésiastique avait écrit
à cette époque, il ne les eût point condamnées ; on s’expliquerait moins encore
qu’il eût loué Simon II, qui avait pris parti pour les fils de Tobie. — Il s’élève
contre les Samaritains, l, 38 ; à plus forte raison aurait-il condamné les faux
frères qui imitaient les mœurs des Hellènes. — 4o Ajoutons enfin que le Ptolémée
Évergète ou le Bienfaisant, dont parle le prologue de l’Ecclésiastique, ne
peut guère être que le premier qui a porté ce nom. Les monuments ne donnent
pas le surnom d’Évergète à Physcon, mais seulement au successeur de Philadelphe.
* 6. Quant au style de l’Ecclésiastique, nous ne pouvons le juger qu’imparfaitement, puisque nous ne le connaissons que par une traduction. Il est en général simple, naturel, peu orné. L’auteur avait écrit d’après les règles du parallélisme qui régissent la poésie hébraïque et avait imité la forme comme le fond des Proverbes de Salomon. La traduction grecque a conservé le plus exactement possible le moule de l’original.
* 7. Le livre de l’Ecclésiastique a toujours été regardé comme le plus utile des livres Sapientiaux, l’une des parties de l’Écriture Sainte qu’on doit le plus lire et méditer. « Outre l’abondance admirable d’enseignements très purs et très saints, adaptés à tous les états et à toutes les conditions, qui est contenue
- ↑ L’opinion opposée assigne à la composition de l’Ecclésiastique la date de l’an 180 environ et à la traduction celle de l’an 130.