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Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse cacha sa face, car il n’osait pas regarder vers Dieu.[1]

7. Le Seigneur lui dit : J’ai vu l’affliction de mon peuple en Egypte, et j’ai entendu sa clameur à cause de la dureté de ceux qui président aux travaux.

8. Et sachant sa douleur, je suis descendu pour le délivrer des mains des Egyptiens, et pour le conduire de cette terre dans une autre terre bonne et spacieuse, dans une terre où coulent du lait et du miel, au pays du Chananéen, de l’Héthéen, de l’Amorrhéen, du Phérézéen, de l’Hévéen et du Jébuséen.

9. La clameur des enfants d’Israël est venue jusqu’à moi, et j’ai vu leur affliction dont ils sont accablés par les Égyptiens.

10. Mais viens, et je t’enverrai vers Pharaon, afin que tu retires mon peuple, les enfants d’Israël, de l’Egypte.[2]

11. Et Moïse répondit à Dieu : Qui suis-je, moi, pour que j’aille vers Pharaon, et que je retire les enfants d’Israël de l’Egypte ?

12. Le Seigneur lui répliqua : Je serai avec toi, et tu auras ceci pour signe que je t’aurai envoyé : Lorsque tu auras retiré mon peuple de l’Egypte, tu immoleras à Dieu sur cette montagne.

13. Moïse dit à Dieu : Voici que j’irai vers les enfants d’Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. S’ils me demandent : Quel est son nom ? que leur dirai-je ?

14. Dieu dit à Moïse : Je suis CELUI QUI SUIS. Il ajouta : Tu diras ainsi aux enfants d’Israël : CELUI QUI EST m’a envoyé vers vous.[3]

15. Et Dieu dit encore à Moïse : Tu diras ceci aux enfants d’Israël : Le Seigneur Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous : c’est là mon nom pour l’éternité, et c’est celui qui doit me rappeler à la mémoire de génération en génération.

16. Va et assemble les anciens d’Israël, et tu leur diras : Le Seigneur Dieu de vos pères m’a apparu, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, disant : Visitant, je vous ai visités, et j’ai vu tout ce qui vous est arrivé en Egypte.[4]

17. Et j’ai dit que je vous retirerai de l’affliction de l’Egypte pour vous conduire dans la terre

  1. Ex. 3,6 : Voir Matthieu, 22, 32 ; Marc, 12, 26 ; Luc, 20, 37.
  2. Ex. 3,10 : Vers Pharaon, Menephtah Ier.
  3. Ex. 3,14 : Le nom par lequel Dieu manifeste ici sa nature à Moïse est celui qu’on prononce ordinairement Jéhovah. La prononciation Jéhovah n’est certainement pas la véritable prononciation du tétragramme divin ; les voyelles de ce nom sont celles du mot Adonaï que les Hébreux lisaient à la place du nom incommunicable. La plupart des orientalistes croient aujourd’hui que la braie prononciation est Jahvéh ou Yahvéh. ― Je suis celui qui suis. « Cette définition parfaite, dit saint Hilaire, rend la notion de la nature divine par l’expression la mieux appropriée à l’intelligence des hommes. En effet, rien ne se conçoit comme plus essentiel à Dieu que d’être, parce que celui qui est l’existence même ne peut avoir de fin ni de commencement, et que dans la continuité d’une béatitude inaltérable, il n’a pu et ne pourra jamais ne pas être. »
  4. Ex. 3,16 : Les anciens d’Israël ; probablement les chefs des tribus, les principaux du peuple. ― Visitant, etc., c’est-à-dire je vous ai visités avec le plus grand soin. En hébreu, comme en bien d’autres langues, ces sortes de répétitions donnent de l’intensité à l’idée exprimée par le verbe.